Attention mesdames et messieurs, on tient là l’objet le plus WTF de l’année. Vous voilà prévenus. Quatre ados dont les hormones bouillonnent à en faire péter la cocotte dans la minute passent en jugement après avoir fait subir quelques sévices à leur prof de français. Les parents bon chic bon genre vont opter pour une solution aussi radicale qu’originale, les confier à un vieux loup de mer qui saura les apaiser. On est dans le bain dès les premières minutes. Le noir et blanc et la couleur alternent. Le cadre est rogné. Les plans sont totalement barrés. Semence et grimaces éclaboussent l’écran. On renoncera à parfaitement comprendre le délire sous LSD auquel on assiste, on s’extasiera en revanche devant tant de beauté formelle. Cela faisait combien de temps que l’on avait pas vu de la couleur au cinéma ? Si longtemps que ça ? Certainement depuis le chaos absolu de The Neon Demon. Alors c’est sûr, j’ai pas pigé pourquoi le N&B est si présent (serait-ce justement pour mieux faire surgir la couleur?), je suis pas bien sûr non plus que tout ça soit du meilleur goût ni même très fin. Mais avouons tout de même qu’on tient là un véritable cinéma de la sensation. Les choses les plus incongrues y sont palpables, odorantes, goûtues. On est à la fois fasciné et dégoûté. Et quelle liberté. Vous ne verrez ici ni concession ni convention, à l’image de ces plans en studio kitsch où la mise au point se fait sur des herbes factices au premier plan plutôt que sur les personnages eux-mêmes. Factice … nous y sommes. Car ici tout est faux, même le corps l’est. Tout n’est que prothèse, illusion ou délire. L’homme et la femme se confondent, mutent. Et justement quelle classe ces ados dans le vent qui peuvent rappeler les personnages de Sa Majesté des Mouches. Reste que la morale de l’histoire semble finalement bien banale : L’homme, débarrassé de ce qui le définit comme tel devient alors un être civilisé. La femme, c’est l’homme qui a évolué. Tout ça pour ça ? Probablement et c’est là la faiblesse de ce superbe exercice de style réservé à un public averti.