Le film est une démonstration d'excès autant que de créativité.
Ce qui ne le met pas à la portée du "grand public" : il m'a souvent manqué le "mode d'emploi".
Si je devais faire une synthèse, je mettrai en valeur surtout la forme surprenante et plaisante. Le réalisateur a développé 2 orientations :
- la sensualité,
- la conceptualisation.
Cela en fait donc logiquement un film que l'on adore ou que l'on déteste.
J'ai pris le parti de l'apprécier mais ce n'était pas gagné (il y a toujours bataille).
Les sens sont multi-sollicités dans ce film à l'allure psychédélique :
- images bien sûr à travers des plans travaillés pour y développer l'esthétisme,
- musique, planante et envoutante,
- toucher et goût notamment à travers les "plantes créatures" de l'île sauvage qui sont quasiment palpables. Quant aux protagonistes, ils (elles) sont sans cesse en train de se palper (sic).
Sensualité encore puisque le sexe est omniprésent, du début qui rappelle Orange mécanique (et la scène du viol dans le pavillon) jusqu'à la fin (où les poitrines féminines s'exhibent fièrement).
NB : l'île de la Réunion était tout indiquée pour faire le tournage ^^
Si j'évoque les références, c'est à dessein.
Car si certaines paraissent évidentes, d'autres m'échappent. Mais elles sont omniprésentes et l'on ressent que - inexorablement - chaque plan renvoie à un autre oeuvre.
On pourra citer entre autres que ce soit en tant que films ou livres :
- Orange mécanique donc,
- L’Ile du docteur Moreau,
- Sa majesté les mouches,
- le Festin nu,
- Robinson crusoe etc.
Là commence les soucis pour moi.
A force de références, la pauvreté et la linéarité du scénario deviennent patents.
J'ai lu que Bertrand Mandico est un réalisateur qui s'imprègne que quantité d'influences. A-t-il trouvé son style ou déterminé des orientations claires dans son art ?
Ainsi, si on peut pronostiquer un film dont le thème est le passage à l'âge adulte des femmes, le sens disparait derrière la multiplicité des artifices.
Et ce ne sont pas les nombreuses prises à partie du spectateur par les acteurs, à la manière du théâtre avant-gardiste, qui vont arranger les choses.
Pas plus que le "twist" superflu en fin de générique.
Bref un film hybride qui ressemble au cabinet des curiosités sans dorsale claire.
A l'arrivée,
- j'ai pris plaisir à regarder un OVNI du cinéma dignes de Jodorowsky
- autant que j'avoue avoir été noyé entre procédés cinématographiques et conceptualisations absconses.