Au fil des critiques, j’ai souvent fait mon petit laïus sur le cinéma français, pourquoi ça n’est pas médiocre comme beaucoup le pensent, etc. Donc je vais m’en passer pour cette fois, surtout vu le film auquel on a affaire. Du cinéma d’aventure expérimental, jouant littéralement avec les genres, ça se passe de justification supplémentaire. Surtout qu’ici, toutes les expérimentations sont justifiées, ça n’est jamais gratuit, et surtout le film est un plaisir perpétuel, une proposition généreuse, sulfureuse, jamais à court d’idées, qui pose son rythme et laisse le temps au spectateur de s’immerger dans son univers. C’est ultra sexuel sans être vulgaire, assez lent sans être ennuyeux, très travaillé visuellement sans être pompeux, le tout dans une espèce de reprise d’Orange Mécanique sans le côté coup de poing. Et puis, alors même qu’il joue de ses influences de tous bords, de tous genres, il joue avec le genre de ses personnages, puisque les cinq garçons sont incarnés par des femmes, et là encore, ça n’est pas gratuit. Cela montre d’ailleurs ce qu’aurait pu (ce qu’aurait dû ?) être Titane s’il avait été vraiment le film transgenre qu’il prétendait être. Mais écrire sur Les Garçons Sauvages me paraît futile, car plus que jamais, c’est un film qui se vit, qui se regarde sans distraction, car on est bien là sur une œuvre que seul le cinéma pouvait offrir.