Les Gardiens de la Galaxie apparaissent pour la première fois dans Marvel Super-Heroes (VOL. 1) #18 en janvier 1969 sous la plume de Arnold Drake et reprit cinq années plus tard par l’irrévérencieux Steve Gerber. La première équipe était constituée du Major Vance Astro, de Charlie-27, Martinex, Yondu, Nikki et Starhawk. Malheureusement la première équipe des Gardiens de la Galaxie n’a jamais eu de succès auprès des lecteurs.
Une seconde équipe est créée presque quarante ans plus tard dans Guardians of the Galaxy (VOL. 2) #1 en juillet 2008 avec Dan Abnett au scénario. Cette nouvelle équipe est constitué de Star-Lord, Mantis, Drax le Destructeur, Gamora, Quasar, Adam Warlock, Rocket Racoon et Groot. C'est cette deuxième équipe qui va servir de référence car le ton du comics est plus sympa et irrévérencieux, de plus, l'histoire apparaît plus contemporaine, dans le sens cool du terme.
Guardians of the Galaxy est un pari osé pour MARVEL. C'est le premier film du studio à se baser sur des personnages relativement peu connus du grand public. Cette nouvelle équipe est, en outre, formée plus de mercenaires que de super-héros. De plus, c'est la première fois que l'univers d'un des films du Marvel Cinematic Universe (MCU) est entièrement cosmique.
Pour l’écriture et la réalisation du film, Kevin Feige fait appel à James Gunn, très peu connu jusqu'alors. Venant tout droit de la Troma Entertainment, le bonhomme connaît les super-héros ayant écrit The Specials et en ayant réalisé Super. Il est capable d’apporter sa propre vision sur une œuvre super-héroïque, de maîtriser les personnages et de leur donner vie d’une manière percutante, inattendue et originale. James Gunn va d’ailleurs déclarer :
Je suis un grand fan de Howard the Duck. J'adorais les comics de Steve Gerber, je les avais tous quand j'étais petit ! Je te jure, j'adorais et quand j'ai su qu'ils en avaient fait un film, je l'ai attendu comme un fou à l'époque. Puis je suis allé le voir, et j'ai été totalement consterné. Tellement déçu… Du coup j'espère qu'à travers Rocket Raccoon, ce film offre une sorte de « rédemption » à Howard. Ce film n'est pas sur Howard bien sûr, on parle des Gardiens de la Galaxie là, mais… Je pense que c'est un premier pas vers une réhabilitation.
Le premier des nombreux atouts du film est à rechercher du côté de sa musique. En donnant à son héros, Star-Lord, un attachement particulier au dernier objet qu'il a conservé de son enfance terrestre (un Walkman du milieu des années 80), le personnage devient logiquement un grand fan des musiques de ces années. Le film est ainsi ponctué de morceaux d'anthologies et leur utilisation est drôlement incongrue dans un univers cosmique.
La bande-originale est complétée par une musique instrumentale bien plus classique signée de Tyler Bates (qui a travaillé avec James Gunn sur toutes ses réalisations : Slither, Super et son segment dans Movie 43) et apte à souligner parfaitement les moments émouvants ou épiques.
L’équipe des Gardiens de la Galaxie contient, le leader, Star-Lord, interprété par Chris Pratt qui a refusé le rôle dans un premier temps avant de revenir sur sa décision. Il est un peu tête-brulée et a du mal à mettre de l'ordre dans ses priorités, étant prêt à risquer sa vie pour récupérer une cassette audio. Zoe Saldana se retrouve grimer en Gamora, la fille adoptive d'un des êtres les plus puissants de l'univers. Elle a été tout bonnement entrainée à devenir un assassin. Grande guerrière, elle a, malgré tout, un grand sens de l'honneur et n'hésite pas à changer de camp afin de sauver la galaxie. Dave Bautista va lui aussi se grimer pour incarner Drax le Destructeur, ce personnage n'a qu'une seule envie : se venger du meurtrier de sa famille. Assez binaire, il ne connait rien au second degré et a bien du mal à ne pas prendre les choses au pied de la lettre. C’est clairement le plus drôle du groupe. Rocket Raccoon et Groot complètent l’équipe. Étant totalement réalisé en imagerie numérique, ce sont Bradley Cooper et Vin Diesel qui prêtent leur voies aux personnages.
Les effets spéciaux sont incontestablement de toute beauté. Les planètes sont magnifiques à explorer, les vaisseaux sont inventifs et les batailles cosmiques sont intenses et superbement chorégraphiées. La réalisation des personnages de Rocket Raccoon et Groot est tout bonnement impeccable. La technique est bonne.
La caractérisation des protagonistes prend le devant de la scène et tout le temps qu'il faut, permettant au film de cerner ses héros à la perfection mais ce, quelque peu au détriment des antagonistes, complètement sous-exploités, et de l'intrigue, très classique. L'action paraît également assez secondaire mais demeure tout à fait fonctionnelle, dans le bon sens du terme.
Les antagonistes Ronan l’Accusateur et Nebula sont beaucoup trop discret à mon goût, j’aurais aimé avoir plus de Karen Gillan et Lee Pace. Ils font pâle figure à côté de l’équipe des Gardiens de la Galaxie. On ne les craint pas, et ils ne sont pas fun.
Les Ravageurs sont des antagonistes encore plus discret, mais beaucoup plus fun. Yondu est incarné par Michael Rooker, un ami de James Gunn avec qui il a travaillé sur Slither et Super. Yondu est le seul rescapé de la première équipe des Gardiens de la Galaxie des années 70. Ce n’est pas une bonne personne, mais pas non plus un vrai méchant. Il est un personnage intéressant par son ambivalence et le substitut du père de Star-Lord. Chez les Ravageurs, on peut voir Sean Gunn, le frère de James Gunn, qui campe le Ravageur Kraglin.
On peut noter l’habituel cameo de Stan Lee, ainsi que celui du compositeur Tyler Bates, celui de Lloyd Kaufman (cofondateur de la Troma Entertainment) et même celui de James Gunn lui-même.
Les films du MCU ont toujours été blindés d'humour, mais ici la comédie est clairement le genre dominant. Star-Lord, au travers de ses origines, incarne le regard de James Gunn sur le genre héroïque et cosmique et ses codes. Le réalisateur revisite les archétypes du genre de façon complètement assumée.
Le film a beau s'amuser, il n'oublie pas d'être incarné. Quand James Gunn choisit d'arrêter de rigoler, il parvient à être touchant (le sauvetage de Gamora ou Groot qui, en un geste, incarne la thématique du film) ou badass, comme en témoigne l'issue du climax, le cinéaste assurant complètement à la mise en scène, atteignant une qualité iconique voire poétique par moments.
Guardians of the Galaxy s'inscrit dans la Phase 2 du MCU en étant le dixième film de la saga. Si, dans un premier abord, l’opus paraît déconnecté du reste de la saga avec l’absence des Avengers, il en est rien. On introduit le Collectionneur et ses Pierres de l’Infini (qu’on avait déjà vu dans des scènes post-générique), mais on introduit surtout Thanos.
En nous contant la quête d’amitié (car c’est bien de ça dont il s’agit) d’une bande de marginaux tous plus atteints les uns que les autres, James Gunn donne du cœur à son film, là où les autres films de la firme, aussi spectaculaires et fun puissent-ils être, souffrait d’un sérieux manque d’empathie et d’implication. Cela fait un échos marquant à Steve Gerber, qui, dans les années 70, a réussi à donner ce ton irrévérencieux et touchant aux Gardiens de la Galaxie.