Avec ce dernier film de sa phase 2 avant Avengers : Age of Ultron, Marvel Studios tente un double pari réussir à imposer des personnages inconnus du grand public (dont un raton-laveur et un arbre) dans un genre nouveau pour le studio le space-opera, sans têtes d’affiches avec aux commandes un cinéaste qui oeuvre à la marge James Gunn. Alors décollage réussi ou crash aux proportions épiques ?

Marvel Super-Heroes
Ce n’est pas le comics créé en 1969 par le scénariste Arnold Drake et le dessinateur Gene Colan (des super-héros du XXXIe siècle luttant contre une race extra-terrestre occupant le système solaire) mais la série éponyme lancée en 2008 par les scénaristes anglais Dan Abnett et Andy Lanning dans la foulée de leur cross-over Annihilation Conquest (ou les héros cosmiques Marvel s’opposaient à Ultron futur ennemi des Avengers au cinéma) qu’à choisi d’adapter Marvel Studios pour introduire l’aspect SF de leur catalogue. Cette équipe regroupant des personnages plutôt annexes ce choix est surprenant d’autant qu’il se double de celui de James Gunn scénariste (le remake de Dawn of the Dead et les deux Scooby-Doo) et réalisateur de films indépendants (Super ou Slither). Mais avec les choix de Jon Favreau pour Iron Man ou des frères Russo au départ spécialistes de la comédie pour Captain America The Winter Soldier le studio est coutumier de ce genre de paris.
Galaxy Quest
Avec ce film James Gunn à la tache difficile d’introduire un univers sans pouvoir se reposer sur la notoriété des personnages ou celle de leurs interprètes pas plus que sur des environnements connus le film se déroulant exclusivement dans l’espace. Le personnage central Peter Quill le légendaire Star Lord (Chris Pratt) est un terrien enlevé enfant dés le début du film devenu un bandit/aventurier de l’espace qui sera notre guide dans ce nouveau pan du Marvel Cinematic Universe. Quill se raccroche à la nostalgie d’un monde qu’il a peu connu à travers l’écoute de standards des années 70 sur un walkman dernier souvenir d’une mère morte sous ses yeux. Les standards de cette mixtape (Ooga Chaka!) ponctuent le film
Pour rendre son film accessible il utilise des trames familières au spectateur qui font écho au premier Star Wars et aux Aventuriers de l’Arche Perdue : c’est à travers la quête d’un objet aux pouvoirs destructeurs (familier des fans de Marvel) que Quill va rencontrer ses futurs alliés et ennemis.
On retrouve ainsi ce theme de la quête dans chaque personnage : Gamora l’assassin interprétée par Zoe Saldana cherche à expier ses crimes, Drax le destructeur (l’ancien catcheur Dave Bautista) veut venger sa famille assassinée par le méchant Ronan (Lee Pace) qui mène une croisade destiné à laver le déshonneur de son empire. Le personnage de Quill recherche à travers cette quête un but dans l’existence et tous ses personnages cabossés vont finir par constituer une famille (dysfonctionnelle) de substitution. Jouant sur ce thème le scénario scénario donne au film un rythme propulsif ponctué à chaque étape par une grande séquence dont une mémorable évasion d’une prison spatiale. Les Gardiens de la Galaxie est le film Marvel qui dispose du meilleur acte final (avec Avengers) parvenant à conclure le film de manière épique tout en conservant l’esprit irrévérencieux du film.

Comique book ?
Le film de Gunn se distingue en effet des autres CBM y compris des Marvel en jouant encore plus la carte de l’humour.
La comédie ne s’exerce jamais aux dépends des enjeux de l’histoire ou des personnages, tous parfaitement définis aussi loufoques qu’ils paraissent, car elle surgit de leurs interactions.
Gunn instille aussi dans des scènes classique comme ce plan ou nos héros marchent au ralenti vers la caméra des détails comme les bâillements de Gamora ou le geste très "masculin" de Rocket qui les rendent drôle sans leur enlever de leur portée iconique. Si le film est drôle il sait être poignant de manière parfois inattendue, comme dans cette scène ou Gunn rend émouvant le personnage de Rocket qui expose son traumatisme d’avoir été victime de vivisection alors qu’il s’agit je le rappelle d’un raton-laveur armé jusqu’aux dents !

Official Handbook of the Marvel Universe
Cet équilibre serait impossible sans des interprètes inspirés , Gunn a la chance d’avoir déniché une future star en Chris Pratt (l’an prochain dans Jurassic World). Dés la première séquence il allie le charisme et le cool d’un Indiana Jones tout en gardant une part émerveillement enfantin. Son duo avec Zoe Saldana (dans son troisième rôle dans une franchise de SF après Avatar et Star Trek) fonctionne bien. Le catcheur Bautista fait preuve d’un étonnat timing comique. Vin Diesel apporte d’infinies nuances aux trois seul mots que prononcent son personnage de Groot. Mais la performance vocale la plus incroyable est à mettre au crédit de Bradley Cooper qui compose un Rocket Raccoon hargneux au débit mitraillette perpétuellement enragé contre l’univers entier.
Personnellement j’ai été complètement satisfait par le coté opératique et grandiloquent qu’apporte Lee Pace à Ronan The Accuser d’abord car il m’a rappelé ces grands vilains des comics , ce premier degré apporte un contraste parfait avec le ton plus ironique du film. Le film a une véritable galaxie (!) de personnages secondairesincarnés par des interprètes aussi varié que Michael Rooker ( sociétaire des films de Gunn) en passant par John C.Reilly, Benicio Del Toro ou Glenn Close . Cette densité de personnages donne une vraie envergure à l’univers du film.

Strange Tales
Comme tous les films du studio Les Gardiens de la Galaxie réserve son lot d’ Easter Eggs références aux comics ou aux autres film de la "Maison des Idées". Gunn profite de la séquence dans l’antre du Collector sur Knowhere (qui est la base des Gardiens de la Galaxie dans les comics) pour faire des clins d’œil à des personnages obscurs des années 70 ("eh mais c’est le Son of Satan!") et au cours d’une séquence décrivant la genèse du mystérieux Orb objet de toutes les convoitises nous gratifie de visuels issus de comics de Jack Kirby que je n’aurais jamais cru voir un jour à l’écran (les Celestials!!! plus précisément pour les hardcore fans : Eson the Searcher ). Enfin un certain personnage aperçu dans un film précédent fait une apparition dans le film. Thanos pour la première fois avec la voix de Josh Brolin (No Country for Old Men, Men in Black III) qui lui prête aussi ses mouvements via la motion capture..

Marvel Fanfare
Les Gardiens de la Galaxie est d’une grande richesse visuelle, c’est de loin le plus beau film du studio en date. La direction artistique de Charles Wood (Thor: le monde des ténébres ) est somptueuse allant de l’aspect industriel d’une prison spatiale à la cité high-tech de Xandar en passant par le gothique du Dark Aster, le vaisseau de Ronan. La photographie de Ben Davis collaborateur régulier de Matthew Vaughn (Kick-Ass, Layer Cake) est colorée et texturée. Rien d’étonnant à ce que Joss Whedon les ai débauchés tous les deux pour Avengers : Age of Ultron.
Je remarque depuis un moment le travail excellent de la jeune société d’effets spéciaux MPC (Prometheus, District 9 et plus récemment X-Men : Days of Future Past ) encore une fois ils m’ont bluffé, avec la société Framesore ils ont bâti un univers de vaisseaux spatiaux et de planètes fourmillant de créatures. Leur boulot sur le personnage de Rocket dont ils parviennent à garder l’aspect animal photoréaliste tout en lui insufflant des attitudes humaines vecteur idéal au jeu de Bradley Cooper est fantastique.
Conclusion : Equilibre parfait entre action et humour, rythme effréné et personnages attachants "Les Gardiens de la Galaxie" est une réussite totale pour James Gunn qui signe le meilleur film de l’été et tout simplement le meilleur de Marvel depuis Avengers.
Ma note : A
PatriceSteibel
9
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le 18 août 2014

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PatriceSteibel

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