Nous vivons dans un temps où Hollywood fait des superhéros leurs vrais machines à fric. Je pourrai pas vraiment dire depuis quand précisément, mais dans mes mémoires de jeune cinéphile, c'est avec la noirceur stylée The Dark Knight que les producteurs se sont plus sérieusement intéressé à la question. On connait la suite: des films de super-héros qui rapportent des milliards, des suites qui n'en finissent pas de se suivre, et surtout le manque progressif regrettable de fun, de dérision par rapport à ce genre qui est désormais vidé de toutes ses possibilités d'originalité. D'ailleurs, les scénaristes et les réalisateurs l'ont compris, ils sont passés en pilotage automatique. Et c'est pas le public qui vas piger qu'on le prend pour un gogo, tant qu'il voit ses personnages chéris se battre avec des effets spéciaux tout partout, il sera toujours content, et ça fera toujours du succès, et ça fera toujours ricaner les producteurs cyniques. Et pendant ce temps, les vrais faiseurs, les artisans du cinéma, les vrais passionnés qui se battent pour produire des films qui regardent plus loin que la cape, ils galèrent... réduisant énormément de choix de films pour le public, comme pour la culture cinématographique en général, du coup. Ce genre, qui était beau à la base, a été souillé comme la 3D en 2010-2011. Mais j'espère que, tel le péplum dans les années 50-60, il finira par lasser le public, et le rythme de variations au cinéma américain reprendra. C'est hélas un demi-espoir, vu les recettes que ça engrange...
C'est pour ça qu'avant de voir "les gardiens de la galaxie", je l'admets, je le regardais déjà d'un mauvais œil. De plus, l'affiche fait particulièrement ringard. Et j'ai eu une très grande surprise, peut-être même la plus grande qui m'ait été offerte au cinéma pour l'instant. Je reprendrais les arguments de Steven Spielberg, qui considère comme moi que c'est le meilleur des films de super-héros: il ne prend tout simplement pas la tête. Dans les films typiques du genre, il y a ce florilège de soldats, robots, guerriers etc. qui n'arrêtent pas de croire qu'ils vont perdre alors qu'on sait très bien qu'ils vont gagner, avec leurs tourments humains de merde et leurs doutes pas crédibles une seconde, comment réellement se divertir ? Comment prendre au sérieux une noirceur claire ? N'est pas Nolan qui veut ! Ce film-là, lui, il cherche à se différencier de toute cette masse qui bêle ce que le public voit 100 fois par an. Son but: prendre son pied. Avec le charme kitsch. Et ça se ressent: l'équipe du film, comme les spectateurs, s'éclate. Les personnages sont hyper-attachants (mention spéciale au Raton Laveur, qui est juste merveilleux, que j'adore et qui aurais fait mon parfait emblème cinématographique si je n'avais pas vu "il était une fois dans l'Ouest"), le scénario est carrément super, les effets spéciaux ont leur charme original, les gags s'enchainent et provoquent des fous rires, les moments dramatiques sont VRAIMENT dramatiques, ils nous épargnent les clichés de romance... Bref, un véritable coup de cœur, un superbe trip. Si vous ne croyez plus au cinéma américain actuel, allez voir ce jouet géant, qui rajeunit même à sa simple vision.