Fort du succès considérable de son volume 1, assez iconoclaste parmi les productions Disney/Marvel, et d’une promotion d’une longue année, Les Gardiens de la galaxie reviennent bien dans leurs pompes, pour un numéro puissant qui éclate les budgets et les impressions de gigantisme. Exit l’effet de surprise du premier film, ce divertissement PG-13 assume à fond son exubérance, sa décontraction non-feinte, pour devenir l’ultime cool movie de l’année. Ce que le médiocre Suicide Squad n’était pas parvenu à faire, nos Gardiens, eux, s’y appliquent sans jamais se forcer. Ils ont l’attitude dans les veines et la team fonctionne à merveille, à l’instar de celles des grandes sagas du genre que le public aime retrouver à intervalles réguliers...
Dans le plus pur style du premier film, la séquence d'ouverture joue ainsi à fond la carte du décalé, lorsqu'une baston oppose les Gardiens à une immense bébête pleine de dents et de tentacules, tandis qu'un baby Groot fait le pitre sur fond de tube feel good du début des seventies du groupe Looking Glass. Encore plus omniprésents, les bons mots, vannes, clins d'œil, apartés à but de désamorçage dramatique pullulent tout au long du film. Avec parfois un gros surlignage au marqueur pour nous indiquer où rire, comme lorsque Drax s'esclaffe vigoureusement d'une blague scatologique plein pot que n'aurait pas reniée la bande à Hanouna...
Quelle mission leur assigner ? Bien sûr, il leur faudra sauver l’Univers. Pour ajouter une dimension plus intime à cet enjeu cosmique, notre héros devra accomplir cette tâche tout en résolvant une situation existentielle : Quill découvre qu’il est le fils d’une Terrienne (ce qu’il savait déjà) et d’un extraterrestre de stature divine baptisé Ego (Kurt Russell). Ecrit par James Gunn avec un peu de paresse, on se doute bien qu’il ne pense qu’à sa pomme et que l’Eden qu’il habite cache de sombres desseins...
Alors comment expliquer que ces 2 h 16, où action et cool attitude coulent à flots, laissent un goût d'amertume et un léger voile de tristesse? James Gunn avait promis que l'histoire se concentrerait sur la famille. Il a tenu parole. Son film reprend les codes de la quête du père des étoiles. Mais son principal défaut, c'est son manque de surprise, de fraîcheur et d'inattendu. Le script, sans doute écrit trop vite, paraît téléphoné. Et le spectateur, peu à peu engourdi par l'ennui se demande pendant une bonne heure si ce film sait où il va. De Stallone à David Hasselhoff, en passant par Pac-Man et l'inévitable chapelet de dialogues référentiels, les eighties qui n'en finit plus de hanter Hollywood sont toujours à la fête chez Gunn. Mais, en attendant, le temps passe et, éloignés les uns des autres, nos anti-héros perdent de leur punch...
Heureusement, la dernière demi-heure réunit tout le monde pour contrer une menace laborieusement annoncée à coups d'avertissements implicites répétés de la part de Mantis. Pas grave : le récit semble enfin repartir sur des rails avec une destination à l'horizon. James Gunn prend alors le contrepied de son propre credo en assumant un tunnel émotionnel inattendu, bâti autour de Yondu et conclu par un gros plan final assez audacieux vu le contexte de farce ambiante. Comme ses confrères de la franchise Fast & Furious, James Gunn sort l'artillerie lourde de la « famille » unie dans l'épreuve – une ficelle qui commence elle aussi à sérieusement s'effilocher, mais bon, allez, ça ira pour cette fois, monsieur Gunn !!!