Nouvel opus du space opera parfum Marvel, déboule donc dans nos salles ce troisième volet des Gardiens de la Galaxie ; également second film de la phase V du MCU. Pour autant, et bien qu'ayant une tendresse toute particulière pour le premier (qui m'a prouvé qu'outrepasser les limites de sa suspension d'incrédulité pour accepter des animaux anthropomorphes dans un film en prises de vues réelles était faisable) et surtout le second avec son lore si magnifiquement étendu jusqu'aux scènes post-génériques, mes attentes étaient bien moindres.
Je ne reviendrai pas sur la chasse à la polémique débile (mais heureusement caduque) dont James Gunn fut un temps la cible pour que Disney trouve prétexte à l'éjecter de son siège de réalisateur ; non.. Mes craintes émanaient plutôt de l'incrustation du projet dans la fresque toute entière. Ceux qui ont lu ma critique sur Ant-Man et la Guêpe : Quantumania en février dernier le sauront : cette cinquième phase peine réellement à démarrer sous de bonnes augures. Pouvais-je encore légitimement attendre un film de qualité après ce coup de kazoo ? Ou alors, comme toute les modes, celle des films de super-héros est cyclique et arrive peut-être depuis quelques temps à ses limites. Alors, groot ou pas groot ?
Nonobstant de telles probabilités, le spectateur que je suis est sorti de la salle content et rassasié. Même en ne m'attendant à pas grand chose, le film m'a étonné. La raison ? Probablement James Gunn, justement. Un type qui depuis neuf ans est aux Gardiens de la Galaxie ce que Christopher Nolan fut à Batman : un alignement de planètes ; car si depuis le début du MCU il y a eu des hauts mais également des bas, sa trilogie peut dès aujourd'hui se poser en exemple de réussite totale, même prise à part du reste de cette mythologie.
MCU oblige, il faudra tout de même avoir suivi deux trois autres films pour mieux comprendre l'ellipse séparant ce film du précédent opus. Pas un défaut en soit, sachant l'impact du bouzin sur notre pop culture actuelle, peu de gens devraient se trouver largués par l'intrigue. Intrigue menée à tambour battant, avec exactement les mêmes ingrédients qu'en 2014 et en 2017 : un récit inspiré, des acteurs investis (même si certains pourront déplorer un Will Poulter sous-exploité en Adam Warlock version beta), des blagues qui font mouche, une BO à tomber (ce plan séquence au rythme de No Sleep till Brooklyn des Beastie Boys, mon dieu...) et le juste dosage entre action, émotion et humour. Certains trouveront l'application d'un tel triptyque facile, voire bête et méchante. Mais le fait est là : pourquoi changer un cahier des charges qui a fait ses preuves et qui parvient encore à surprendre quand il est entre les mains d'une personne investie par son projet ?
Oui, j'ai ri de bon cœur devant certaines vannes, chose qui n'avait pas dû m'arriver depuis Doctor Strange in the Multiverse of Madness l'an dernier.. C'est dire. Mais à d'autres moments, ce fut une véritable boule dans la gorge qui se fit ressentir, tant certains aspects de l'histoire prêtent à réfléchir sur les excès de la science et la maltraitance animale de notre vrai monde réel de la réalité véritable. Enfin, tout bon spectateur ne restera pas groot face aux enjeux auxquels les protagonistes font face. Cet intérêt de voir le super-vilain échouer dans ses desseins - intérêt pour ainsi dire quasi absent lors du visionnage du troisième Ant-Man (prends ça dans la gueule, Kang) - est de nouveau palpable ici.
Autre point positif et pas des moindres : les effets spéciaux qui semblent résulter cette fois d'une post-production nantie de délais raisonnables, loin des festivals de fonds verts maladroitement détourés des dernières productions. Est-ce que cette fois-ci Marvel Studios a écouté les remontrances de ses équipes SFX au lieu de juste les entendre ?
Depuis le milieu de la phase IV, les films Marvel ont beau être estampillés "produit par Kevin Feige", ce troisième Gardiens.. est bel et bien, à l'instar de ses deux prédécesseurs, le bébé de James Gunn. Et c'est tant mieux.
Reste à savoir maintenant de quoi sera forgé l'avenir, car les bandes-annonces et les réseaux sociaux nous l'ont bien spoilé ces derniers mois : ce troisième opus doit normalement tenir lieu de chant du cygne pour l'équipe. On pourra donc légitimement s'étonner de la pertinence d'un intertitre présent à la toute fin de visionnage, que je ne dévoilerai bien évidemment pas ici.
Un regain d'espoir pour la phase cinq ? Seul le futur nous le dira. En tous les cas, un troisième opus généreux qui mérite son visionnage !