L’été est bien fini ! Retour dans les salles obscures en laissant la pluie dehors…. Ce début d’automne nous plonge dans l’ambiance sombre de la dictature des mollahs en Iran. Dans ce pays, l’automne de la démocratie s’éternise... Le nouveau film de Mohammad Rasoulof, réalisé clandestinement sur place, nous plonge au cœur du mouvement des femmes iraniennes qui s’élèvent contre le port du voile, une contestation déclenchée par la tragique mort d’une jeune femme lors d’un contrôle de la police. Quelques images poignantes illustrent la répression, mais ce film n’est ni un documentaire, ni une simple narration.
Pendant près de trois heures, nous suivons le délitement d’une famille bourgeoise de Téhéran, dont le destin est inextricablement lié aux événements tumultueux du pays. Cette famille se retrouve en première ligne, confrontée aux effets dévastateurs du système dictatorial, dirigé par des hommes soumis à un dogme religieux. Et pour cause, puisque le père vient d’être nommé juge d’instruction réalisant ainsi la consécration de sa carrière au moment même du soulèvement populaire. Ces détails sont cruciaux pour saisir l’intensité dramatique qui se noue et dont l’épilogue, éprouvant, frôle le registre du film d’épouvante. Un « détail » supplémentaire, d’une grande importance dans ce contexte, est que la famille est composée de deux jeunes filles. Elles se retrouvent entraînées dans la tourmente de la contestation du régime et qui va les conduire à une opposition de plus en plus frontale face à la domination patriarcale particulièrement détestable qu’elles subissent elles et leur mère. Cette œuvre est riche de réflexions sur les comportements humains dans des moments de crise et de stress. Elle dépeint avec finesse une existence désarticulée, tourmentée, psychiquement exténuante, orchestrée par un régime usant de l’interdit religieux, de l’intimidation et de la violence pour se maintenir au pouvoir.
La maîtrise de la réalisation fait oublier la durée de projection. Les sujets abordés, ainsi que les divers angles sous lesquels ils sont explorés, nous clouent littéralement sur notre siège. Une fois de plus, Mohammad Rasoulof, auteur de « Le Diable n’existe pas » relatant également la vie sous la dictature iranienne, nous pousse de nouveau à nous interroger sur des questions fondamentales : que ferions-nous dans des circonstances similaires ? Comment réagirions-nous face à l’intolérable, à l’insupportable ? Ce simple constat témoigne de la profondeur de cette nouvelle œuvre du réalisateur, qui a récemment trouvé refuge en Allemagne pour échapper à la vindicte des mollahs