Au cinéma, il y a peu de choses aussi peu agréables que de voir un film finir en eau de boudin lorsqu'il été jusque là très convaincant. On se trompé, trahi même, on en veut au film de nous avoir fait croire qu'il était aussi bien qu'il semblait être.
Les graines du figuier sauvage commence pourtant -et se déroule pendant environ ses deux premières heures- très bien. Sur fond de manifestation anti-gouvernementales en Iran, on suit la fragilisation d'une famille, suite à la promotion du père au rang de juge d'instruction. Le thriller et le mélodrame familial sont très bien mis en scène, et n'empiètent jamais l'un sur l'autre. On assiste alors à la mise en place d'un mécanisme vicieux, où l'escalade de la violence lors des manifestations semble faire du mal avant tout à l'unité de la famille, et à la confiance mutuelle qu'ils se portent.
Et c'est assez tristement qu'on voit ce subtil jeu de tensions s'effondrer dans un troisième acte sorti de nulle part, qui détourne totalement l'attention du coeur politique complexe du film, pour en faire un thriller bête et méchant. La mise en scène essaye tant bienq que mal de suivre, mais même les cadres les plus ludiques paraissent dissonants, tant ils semblent trahir l'essence des deux premiers actes. Même le message du film, très fin jusque là, semble tourner à la simple critique anti-patriarcat, peu fine, et surtout sortie de nulle part.
Assez dommage, mais on en retient tout de même un très beau développement, et une fresque sociétale assez virtuose.