De nos jours, un détachement de l'armée japonaise est envoyé en manoeuvre près d'une plage. Survient un étrange phénomène magnétique et voila les militaires ramenés à l'époque féodal. Ils sont alors la cible des différents Daimyo qui veulent s'attirer les faveurs de ces puissants guerriers.
A point de départ équivalent au film US Nimitz retour vers l'enfer, traitement complètement différent. Ainsi si dans Nimitz tout le long durant les personnages s'opposaient pour savoir si il faut intervenir ou non, cet aspect est très vite évacué dans Les guerriers de l'apocalypse. Question de culture certainement car ici le temps et les paradoxes qu'il peut générer est comparé à la nature, plus précisément à une forêt qui même si on la défriche retrouve plus tard son apparence antérieur. Autrement dit les paradoxes que pourraient générer l'arrivée des militaires dans le passé seraient absorbés au fur et à mesure que les années et les siècles passeraient. Une conception du temps plutôt originale.
Or donc la première demi heure des Guerriers équivaut à l'intégralité de Nimitz. Très vite les oppositions dans le détachement se font jour, aussi vite elles sont résolues (dans le sang) et la décision d'intervenir dans leur nouvelle époque en s'alliant avec un ambitieux seigneur de guerre est prise.
Ce choix scénaristique permet alors de mettre en scène un incroyable morceau de bravoure : l'affrontement du détachement contre toute une armée féodale. Et là on sent qu'on est pas dans une série Z : la figuration est abondante, les costumes impeccables, les effets pyrotechniques nombreux et la réalisation se hisse à la hauteur. Du très grand spectacle. A noter qu'est pratiqué dans cette bataille un sport très courant de ce genre de productions : l'extermination de cheval. Il faut voir les chutes qu'ils font dans certains plans, la tête dans un sens, le reste du corps dans l'autre. Nul doute que l'équipe a dû avoir de quoi manger après avoir tourné ces scènes. Mais ce qui impressionne encore plus c'est que tout en étant très spectaculaire cette bataille (qui dure au moins une demi heure !) réussit à entretenir une profonde ambiguïté sur le camps à soutenir. En effet, on a tendance à être du coté du détachement puisqu'on les suit depuis le début et qu'on est capable de mettre un nom sur leurs visages. Mais au fur et à mesure de l'affrontement on est impressionné par le courage et l'ingéniosité des "nippons moyen ageux" qui au début du combat voyaient leurs rangs se transformer en boucherie. Allez essayez de déterminer qui sont les "gentils" en voyant ça.
D'ailleurs l'ambiguïté des ambitions des militaires sont encore plus mises en avant durant le dernier tiers du film, et personnalisé à la perfection par le génialissime Sonny Chiba (jouant le rôle du major Iba, chef du détachement). Il finit par préférer l'époque féodale plus adapté à sa vocation de guerrier et régresse progressivement pour (re)devenir un pur samouraï. Tout cela au mépris de la volonté de la plupart de ces hommes moins belliqueux et désireux de retrouver leur époque. Et pourtant, obéissant à une certaine idée de respect et d'obéissance au chef très ancré dans la mentalité japonaise, tous restent avec Iba alors qu'une opportunité leur était offerte de retrouver leur époque. Inimaginable dans une prod US ! Soulignons aussi l'excellente conclusion aussi surprenante par son refus du spectaculaire et sa logique jusqu'au boutiste.
Un film malconnu donc et qui pourtant cumule scènes spectaculaires, débauche de moyens, refus du manichéisme et conception de SF originale.