Ah mince, la déception… Voilà un film, considéré comme culte par beaucoup, dont j’attendais beaucoup et qui m’a franchement déçu. Ce n’est pas la première fois qu’un film de Walter Hill touche rapidement le plafond de verre à mes yeux, mais aucun de ses films ne m’avait déçu comme celui-là. Il faut dire que pour les gens de ma génération, Les Guerriers de la nuit évoque un film forcément violent et sulfureux, puisque, à sa sortie, il fut d’abord interdit tout court, avant d’être interdit aux moins de 18 ans. Or, à le regarder, il n’en est absolument rien. Le film n’est ni violent ni dérangeant. Le propos seul avait fait scandale car il laissait entendre que les gangs, s’ils s’unissaient, pouvaient s’emparer d’une ville comme New-York. Autrement, cette chasse à l’homme n’a rien de spectaculaire. Elle s’attarde sur différents gangs qui cherchent, les uns après les autres, à arrêter les supposés assassins de celui qui les avait réunis.


Le film manque franchement de tension. S’il donne à voir des gangs qui sont intéressants (notamment ceux qui sont grimés comme le groupe Kiss et qui se trimballent avec une batte de baseball), le film s’apparente à un jeu vidéo où notre gang passe des niveaux. Mais là où on aurait pu attendre une escalade dans les péripéties ou les antagonistes, on a à droit à un récit linéaire, visuellement très travaillé, mais jamais suffisamment tendu. Walter Hill, et c’est tout son mérite, joue la carte de la symbolique pour montrer ce gang qui va traverser New York du Bronx à Coney Island en passant par Central Park, Manhattan et Brooklyn. Cependant cette ambition se heurte à son concept, c’est-à-dire qu’elle ne joue pas suffisamment sur le côté série B qui se prête tout à fait au sujet. En flirtant de temps à autre avec Orange mécanique, sans en avoir la puissance du discours, le film reste un peu plat et ne propose que quelques scènes de baston pas forcément convaincantes.


L’ensemble ne manque toutefois pas de mérites. La photographie est de qualité, la musique parfaite et certaines scènes sont vraiment bien vues. On regrette d’autant plus que les différents protagonistes manquent de charisme et ne suscitent que trop d’empathie ou de répulsion. On traverse ainsi le film en regardant les différents membres du gang sans réussir à s’attacher à eux. Le final, décevant, achève de sceller la déception. Un film qu’il aurait sûrement fallu voir bien plus tôt, bien plus jeune pour l’apprécier à sa juste valeur.


Play-It-Again-Seb
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le 6 déc. 2022

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