Un très grand film.
Ample, dense, aussi minimaliste dans sa forme que complexe dans son propos. Le réalisateur nous plonge au cœur d'un village isolé d'Anatolie, où l'humanité abrupte s'impose aux sens, de la petite mesquinerie à la gentillesse la plus douce. On nous y donne à voir des morceaux de vie, certes très écrits, mais justement interprétés, tant et si bien qu'on en oublie la caméra et le dispositif imposant que nécessite cette mise en image. Le réalisateur croit bon de nous le rappeler en brisant le quatrième mur sur une scène surprenante, faisant le lien entre une scène de joute verbale intense et une scène de tendresse pure. Que tous ceux qui sont allergiques à ce réalisateur (notamment dans la deuxième partie de sa filmographie, après Winter Sleep) ne s'engage pas sur cette contrée, il s'agit de 3h17 de Nuri Bilge Ceylan. Que ceux qui sont clients y court en revanche. Et pour ceux qui ne le connaissent pas, laissez vous tenter.