Pour commencer, je trouve ce film d'une subtilité scénaristique folle. Il s'agit sûrement d'un des films avec la meilleure écriture de personnage de l'année.
Cependant, j'ai absolument détesté le film pour une raison simple que je vais évoquer ci-dessous.
"Les herbes sèches" nous présente un professeur d'une classe de primaire qui est assez injuste. Il favorise certains élèves, souvent des filles, et dénigre les garçons. Il va même jusqu'à offrir un cadeau à sa préférée, et pas n'importe lequel, il lui offre du maquillage tout en lui mentionnant de ne pas le répéter. La mise en scène alterne des regards entre lui et les enfants en contre-plongée sur les jambes des gamines à de nombreuses reprises.
Tout est dans la subtilité ; jamais on ne va annoncer le personnage comme un pervers ou un pédophile, mais un spectateur attentif le comprend aisément.
Alors intervient un tournant : ce personnage va être accusé de comportement inapproprié et de pédophilie par ces mêmes gamines qu'il chouchoutait. Furieux, on nous montre alors la scène de son regard, du regard de l'injustice. Le personnage est alors montré en victime, et jamais les enfants n'auront la parole. Le point de vue est essentiellement centré sur lui, grande victime de fausse accusation, et ce changement de regard m'a profondément énervé.
Car oui, pour le coup, il s'agit bien d'une injustice. Il n'y a aucune preuve et plus encore, il n'a rien fait de réellement préjudiciable puisqu'il n'est jamais passé à l'acte. Il s'agit réellement d'une certaine injustice.
Sauf que du point de vue de la victime, elle n'a fait que décrire l'oppression qu'elle a ressentie vis-à-vis de ce professeur. Mais elle n'aura jamais la parole, fin si, on comprendra aisément sa pensée dans les 20 dernières minutes du film avec la confrontation face au professeur, mais là encore, tout est dans la subtilité.
J'ai envie de dire que tout est beaucoup trop subtil pour traiter un sujet aussi grave. Car on pourrait se dire tout de suite que oui, c'est une injustice, cette enfant ne se rend pas compte de la gravité de ses actes et donc se ranger du côté de l'odieux pédophile. Car oui, c'est un pédophile, mais il n'a juste pas eu "l'occasion" de le montrer.
Voilà ce qui me dérange : non pas de se centrer sur le point de vue d'un pédophile, car "Lolita", le roman de Nabokov, l'a très bien fait, mais on comprend bien plus facilement la subtilité. Le propos est clair, et le point de vue est toujours le même.
Or ici, le changement brutal de point de vue rend le personnage absolument abject et le film irregardable. J'ai détesté chacune de ses interactions, chacun de ses gestes, chacun de ses regards. C'est sûrement un des personnages qui m'a le plus donné envie de gerber de l'année. Et quand on se focalise sur sa pauvre injustice pendant 3 heures, forcément, on en sort lessivé.
Voir un connard s'en sortir et ne jamais recevoir de leçon moralisatrice, ben c'est un parti pris très original et très intéressant, mais pour le coup, je n'ai pas réussi à adhérer. Cela m'a plus énervé qu'autre chose.
Alors oui, c'est parfaitement écrit. Oui, la mise en scène est subtile, car elle s'oppose aux dialogues, mais pourtant je déteste tout ce qui est présenté dans le film.
Ce qui est encore plus frustrant, c'est que ce n'est même pas une apologie de la pédophilie, ni même qu'il cache ses intentions. Le film nous montre simplement un fait bien réel sans essayer d'enjoliver ni de rendre moralisateur son propos. Parfois au cinéma, il est compliqué d'aimer des films qui te montrent des choses que tu n'as tout simplement pas envie de voir.
Qualitativement c'est un 8/10, mais mon niveau d'appréciation du film est à 1/10, ce qui fait une moyenne de 4/10.
Soyez juste prêt avant de rentrer dans la salle, car moi je ne l'étais pas.
(tout cela pour dire qu’on peut détester un film mais en reconnaitre ses qualités et essayer d’en comprendre les raisons de sa détestation)