"Les incorruptibles" n'est pas un chef-d’œuvre, mais une œuvre qui dépasse tout de même le niveau d'un film policier - noir classique (dans la lignée d'un "French Connection" quoi.)
L'histoire : Elliot Ness a été envoyé en "croisade" pour démanteler les réseaux de vente d'alcool, dont le plus puissant représentant n'est autre que... Al Capone.
Critique : De Palma signait là l'un de ses films les plus connus (mais pas son meilleur), presque pour une seule raison : avec « la scène du landau », le moment fort du film, instant ultra culte (encore plus culte que le film lui-même ?), réalisé de manière virtuose et insurpassable. Le film reste un excellent film policier, basé sur un scénario assez académique (« le gentil policier qui veut faire tomber le méchant qui commerce illégalement »), et puis ressort cette « scène du landau », dont j’ai déjà dit tout le bien. Cette scène se déroule dans un hall de gare et est en quelque sorte « un film dans le film », tant elle est mémorable. Moment rare, filmé en temps réel puis au ralenti (lorsque les armes sont sorties des impers…), orchestrée sur plusieurs tempos, le tic - tac de l’horloge de la gare, le bruit assourdi des pistolets et du fusil à pompe d’Elliot Ness (Kévin Costner), et surtout les roues du landau qui heurtent chaque marche de l'escalier à la limite du supportable (dans un suspense digne d'Hitchcock). De Palma s’inspire là d’une scène du « Cuirassé Potemkine » (1925) de Sergeï Eisenstein, auquel il rend également hommage (au passage). En dehors de cette scène, la distribution est incroyable : rien moins que K.Costner, Sean Connery (qui a eu un oscar), Andy Garcia, et Robert De Niro. Du costaud. De Niro fait du De Niro (dans le genre : « Ne viens pas me faire chier et j’te ferai pas chier… ») et compose un Capone dans la grande tradition de la méthode de l’Actor’s Studio. Sean Connery est immense et les "petits nouveaux" que sont alors Costner et Garcia jouent très bien leurs rôles respectifs. Derrière l'histoire assez classique du film de gangsters se cache en réalité un opéra sanglant, une tragédie antique sous fond de tension paranoïaque.
Du cinéma, simplement. Exquis.

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le 23 févr. 2013

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Errol 'Gardner

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