Les Incorruptibles, ce n'est pas que Elliot Ness contre Al Capone. C'est aussi dans un sens Brian De Palma contre Hollywood. On sent qu'il bataille constamment pour transcender un scénario faiblard, naïf, maladroit et manichéen au possible. Il y peine vraiment dans la première heure. Puis vient le déclic, l'histoire s'emballe, et De Palma de sortir ses tripes dans des séquences d'artisan. Grâce à un vrai travail d'orfèvre sur le montage, il parvient, miracle, à donner naissance à des scènes d'anthologie, dont fait évidemment partie la séquence de la gare.
C'est bien tout ce que l'on peut retenir aujourd'hui du film, surtout que d'autres sont passés par là. Je pense bien sûr à une fameuse série HBO, bien plus crédible et complexe dans son univers narratif et ambiguë dans sa palette de personnages. Car l'adaptation de De Palma ne présente finalement qu'une lutte entre des gentils sans zone d'ombre et des méchants impitoyables. Une pauvreté de caractères qui n'aide pas les acteurs à se mettre en valeur : De Niro, tout en grimaces, est mauvais comme rarement, tout comme le reste des acteurs campant les gangsters, tandis que Costner fait du Costner. Quant à la musique de Morricone, je la trouve tout sauf marquante.
En résumé, un film à voir pour le talent de De Palma, mais qu'il est difficile de considérer comme un chef-d'oeuvre pour qui le découvre aujourd'hui.