Les infiltrés commence au timbre de la voix traînante et gouailleuse de Nicholson qui fait son entrée dans le cinéma de Scorsese. Il n’avait encore jamais tourné jusque-là avec lui. Durant plusieurs minutes, sa silhouette reste dans l’ombre, à l’image de son personnage, Costello, parrain redoutable qui règne sur Boston. Si nous ne le voyons pas immédiatement, son discours quant à lui se déroule et illustre son caractère :

Un homme fait son propre chemin. Personne ne te donne rien. Tu dois prendre, non servir.

Les infiltrés se sont des destins qui s’entrelacent, des personnages qui ne sont pas ce qu’ils prétendent être. C’est l’histoire de deux infiltrés, l’un (Matt Damon) dans les rangs de la police, à l’aspect irréprochable, homme de confiance mais lié de près à la pègre ; l’autre au passif familial chargé, qui doit se battre pour inspirer la confiance, un flic intègre qui infiltre le milieu de Costello.

La force de ce film, c’est son scénario parfaitement ficelé, le jeu des acteurs qui sont tous au top, l’écriture soignée des personnages: chacun des principaux aux secondaires a son importance.

Di Caprio, particulièrement, atteint ici un niveau d’excellence, Son personnage est à la fois fort et vulnérable, il n’est « rien » pour personne, sans attaches familiales, sans reconnaissance au sein de la police pour qui il travaille incognito. Il joue les durs, mais sa sensibilité est constamment heurtée par la violence qu’il côtoie.

Quand chacun de leur côté, pègre et police comprend qu’il y a un indicateur dans les deux camps, cela devient le jeu du chat et la souris. L’étau se resserre, le climat s’électrise, la violence entre dans une spirale croissante.

La réalisation de Scorsese est brillante, les plans alternant de façon serrés et se répondant pour mettre en relations les deux mondes, leur entrelacement et leurs liens. Le tout est filmé dans un décor poisseux des bas-fonds de Boston.

Les Infiltrés s’inspire de Infernal affairs, mais il n’en est pas un remake et il s'en affranchit pour développer l'idée de base de manière originale.

Cette œuvre est une pépite de Scorsese que j’ai toujours plaisir à revoir avec son casting de rêve.

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le 3 mai 2024

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abscondita

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