Les Innocents
7.8
Les Innocents

Film de Jack Clayton (1961)

Après une ouverture sur un écran noir, une voix d'enfant chante une contine étrange, fondu enchainé sur le logo de la maison de production, l'envoûtement a déjà commencé...


Jusqu'à sa dernière image, montrant deux mains liées dans une union aux accents baroques, ce film est une invitation au mystère. La suggestion y est moins une ellipse que dans le splendide La Maison Du Diable de Robert Wise, film auquel Les Innocents est directement affilié de par ses partie-pris visuels et ce noir et blanc aux tons admirables. Photographié par l'excellent chef opérateur d'Elephant Man et réalisateur pour la Hammer, Freddie Francis himself.


Ici, on y voit les fantômes comme s'ils étaient la matérialisation de notre propre conception, le personnage de la gouvernante, interprétée par l'admirable Deborah Kerr étant le témoin de ces apparitions, notre œil. Mais l’œil est trompeur ou il se trompe.


Comme dans la plupart des grands films de peur, la référence à l'enfance est de circonstance, il faut toucher à l'innocence afin de s'extraire de tout jugement moral, il faut que les chances soient inégales. Mais ces enfants là sont-ils innocents ?


De cette contine aux accents lugubres, procédé que reprendront des cinéastes comme Dario Argento dans Les Frissons De L'Angoisse ou Roman Polanski dans Rosemary's Baby, à ce sourire compatissant de la petite fille lorsqu'elle regarde dans le jardin de la fenêtre de sa chambre, à cette larme échouée sur une table comme preuve de la présence d'une femme peu de temps avant sous les traits d'un spectre, ce sont ces détails qui font la puissance de cette œuvre remarquable. On y établi l'innocence comme un trompe-l’œil.
Ajoutés à celà un grand soin apporté à l'esthétisme, des fondus enchainés toujours évidents et un sens de la mise en abîme touchant à l'excellence, et l'on peut dire que l'on détient là un chef d’œuvre du genre.
Tous les films de pétoche devrait être fabriqués comme celui-ci.

Créée

le 22 mars 2016

Critique lue 242 fois

3 j'aime

Critique lue 242 fois

3

D'autres avis sur Les Innocents

Les Innocents
New_Born
8

"We Lay my Love and I Beneath the Weeping Willow. But now Alone I lie and Weep Beside the Tree."

Les manoirs isolés d'une nuit profonde ont souvent été à l’origine de nombreuses peurs développées dès le plus jeune âge. Le cliché d’une personne marchant dans un long couloir étroit, tenant un...

le 18 avr. 2013

42 j'aime

1

Les Innocents
Nick_Cortex
10

Madame et ses fantômes

Ça fait un moment que je songeais à parler de ce film. Les mots peinaient et peinent encore à sortir d'ailleurs. J'aime beaucoup les films d'horreur à ambiance en général, et je pense sincèrement que...

le 20 déc. 2017

39 j'aime

6

Les Innocents
Matrick82
8

C'est grand la campagne...

Petite perle Noir et blanc du cinéma fantastique Britton, "Les Innocents" nous racontent l'histoire d'une gouvernante qui aurait croulé sous une avalanche de prescriptions pour anxiolytiques si elle...

le 10 mai 2015

29 j'aime

21

Du même critique

La Chienne
philippequevillart
8

L'ange et la mort

Dans La Chienne, second film parlant de Jean Renoir, c’est surtout quand les voix se taisent et que l’image reprend naturellement ses droits que le lyrisme dramatique s’impose pour offrir de grands...

le 31 janv. 2023

19 j'aime

2

L'assassin habite au 21
philippequevillart
8

Meurtre oblige

Première incursion de Clouzot dans un genre auquel il donna ses plus belles lettres de noblesse, en l’occurrence le thriller à la Hitchcock. Pour se faire il adopte un style emprunt à la Screwball...

le 21 avr. 2020

18 j'aime

8

Joker
philippequevillart
6

Autant de clown clinquant

C’est auréolé d’une récompense à la Mostra de Venise et d’une pluie de critiques dithyrambiques annonçant un classique instantané et une performance d’acteur de la part de Joaquin Phoenix emprunte...

le 9 oct. 2019

18 j'aime

5