Réalisateur parfois sous-estimé, l'allemand Robert Siodmak propose cette fois encore une mise en scène de premier plan, avec un noir et blanc magnifique et plusieurs morceaux de bravoure, comme cette poursuite silencieuse dans la ville déserte, seulement ponctuée par les bruits de pas dans la nuit. Tension assurée.
D'autre part, le scénario de "Phantom lady", adapté d'un roman de William Irish, s'avère plutôt accrocheur et efficace, entre film noir et polar classique.
Quant à Ella Raines, la jeune actrice brille dans ce rôle de secrétaire amoureuse de son patron (le très classe Alan Curtis), prête à prendre des risques pour l'innocenter, au point de s'encanailler dans les bars louches de New York, n'hésitant pas à jouer les filles faciles, à l'opposé de sa véritable personnalité.
Ce qui amène cette scène incroyable, où les coups donnés frénétiquement par Elisha Cook Jr sur sa batterie, avec en montage alterné les déhanchements de Miss Raines, offrent une représentation évidente de l'orgasme.
Pourtant, malgré ses nombreuses qualités, je n'ai pas été complètement transporté par "Phantom lady", la faute à ses quelques aspects vieillots : jeu théâtral, rythme inégal, facilités de scénario...
Surtout, la dernière demi-heure s'avère un brin longuette, une fois que le vrai coupable est identifié. La réalisation manque alors un peu de dynamisme, et l'ultime scène "romantique" n'apparaît guère convaincante.