Mouais…
Cela faisait deux films où je vantais les mérites de Disney pour ses efforts considérables face à ses traditionnelles pesanteurs…
...Mais là, avec ces « Nouveaux héros », je dois bien avouer que je reste plus que circonspect.
Mais c’était quoi la démarche de ce film au juste ?
Franchement, plus il se déroulait, et plus je voyais un cahier des charges défiler sous mes yeux.
En gros, j’avais l’impression que dans les studios de la petite souris, des gars se sont évertués à faire un listing de tout ce qui serait bon d’intégrer dans leur prochain métrage.
En gros, il fallait à la fois être capable de concilier le schéma consensuel voulu par la tradition de l’Oncle Walt (des héros gentils qui sourient tout le temps, un monde mignon tout plein où on n’arrête pas de se féliciter et de s’enthousiasmer pour un rien, un monde sans violence, un monde sans gros, sans moustachu, sans fumeur, sans vieux, mais avec toutes les quotas ethniques scrupuleusement représentés …) et de l’autre côté l’envie de moderniser la franchise et de lui donner un look cool.
Ainsi fallait-il des robots, des ordinateurs, des téléporteurs, des nano-robots, des héros nippo-américains (après Pocahontas, Mulan et la Princesse Tiana, voici une nouvelle minorité ethnique de checkée : ouf !), mais avec aussi toute une flopée de personnages fashions, une esthétique japonisante, des super-héros, des tenues flashys et de grosses scènes d’action trop chouettes…
Je sais, c’est horrible de présenter ce film comme ça, mais c’est vraiment comme cela que je l’ai ressenti.
Parce que bon, au-delà de toute cette check-list, je n’ai vraiment ressenti aucun liant, aucune démarche, aucun propos, si ce n’est un de ces schémas moraux ultra-connus et caricaturaux que Disney a osé ressortir de sa boite à poncifs.
Et c’est d’ailleurs pour moi là que réside la grosse catastrophe de ce film : son écriture.
Plus de vingt-cinq minutes pour poser la situation initiale et cela sans enjeu clairement dessiné ; des personnages abominablement caricaturaux, sans aucune personnalité et qu’on nous présente à travers des lignes de textes abominables de didactisme.
Mais le pire dans tout ça, c’est l’aspect patchwork que prend l’intrigue quand elle s’efforce de faire cohabiter comme elle peut cette histoire de gamin devant faire face au deuil, cette histoire de super-héros, cette question des nano-robots, de vengeance, de transmission, de relations garçon - robot ; de lois de la robotique et… sans parler de la gestion du personnage qui aurait dû être au cœur du film : Baymax.
Franchement, pour moi, c’est ce personnage là qui est la bouée de sauvetage du film.
Il est original, décalé, intrigant par rapport aux postures qu’il adopte, il offre une multitude de possibilités pour questionner les mœurs et les attitudes du héros…
Et pourtant, il est totalement sous exploité, tout ça parce que visiblement, il ne fallait pas oublier de mettre des grosses scènes d’actions trop cools, des personnages caricaturaux trop funs qui rassurent tout le monde, ou bien tout simplement des thématiques bien djeunz comme les super-héros et leurs costumes flashies… A trop s’essayer à combiner au mieux leur check list, ces gars de chez Disney ont oublié de faire ce qui fait l’essence même d’un film : des choix.
Ainsi, en intro, il leur fallait absolument que le personnage utilise des robots cools qui se battent (parce que se battre c’est cool), mais en même temps il leur était tout aussi primordial que ce ne soit pas du tout violent (parce que chez Disney la violence c’est pas cool).
Même chose quand on se décide à prendre le risque de créer un événement émotionnellement fort...
(la mort du frère du héros)
...mais qu’on se refuse catégoriquement à traumatiser le jeune public avec un tel événement !
Ainsi, dans un cas comme dans l’autre, on fait en édulcorant tout, en explorant rien, en compensant en permanence…
Et au fond tout le film c’est ça.
Ce film aurait pu reposer sur un super personnage atypique – Baymax – mais non… Il a fallu faire attention, il a fallu que ce ne soit pas trop atypique non plus.
Donc au final, on noie cette belle idée en l’entourant de cette brigade des caricatures ambulantes, en la transformant en super-héros doté de fulguro-poings…
Franchement, je trouve ça triste…
Si Disney n’arrive pas à se détacher de sa vision classique, traditionaliste et conservatrice du spectacle pour enfants, alors qu’il reste dans son créneau « Reine des Neiges » et qu’il creuse à partir de là…
Sinon, s’il tient tant que cela à moderniser son image, eh bien qu’il y aille franchement, et qu’il rompt avec ces archétypes bien lourd. Qu’il se risque à raconter une vraie histoire, avec de vrais personnages et un véritable propos.
Ces « Nouveaux héros », c’est une bonne idée noyée au milieu d’un produit industriel indigeste.
Alors oui, les enfants rigoleront sûrement à chaque grimace, chaque prout et chaque maladresse de Baymax. Après tout, il ne leur en faut pas plus, se dit-on parfois.
Moi, perso, je préfère quand, comme devant un bon « Géant de fer » ou autres « Indestructibles », ils découvrent un véritable univers propice au rêve et à l’imagination, sans pour autant moins se marrer.
Pour moi c’est ça qui différencie entre un très bon divertissement familial et une de ces soupes sans saveur que sont malheureusement des films comme ces « Nouveaux héros »…