Avec Les Olympiades, Jacques Audiard aurait voulu prouver qu'il n'avait que 35 ans et qu'il tournait son premier long-métrage, qu'il ne s'y serait pas pris autrement, avec l'aide de ses deux (brillantes) coscénaristes Céline Sciamma et Léa Mysius. Bon, notre homme a le double d'âge mais c'est difficile à croire vu l'énergie et le cœur qu'il met dans ce film qui semble si loin de son propre univers. Il n'y a quasiment aucune scène inutile dans ce portrait de trois jeunes gens d'aujourd'hui, dans le 13ème arrondissement de Paris : chacune d'entre eux explore les lois du désir et se heurte à la confusion des sentiments. Rien de nouveau sous le soleil ? Voire. Sur la forme, par le biais d'un montage ébouriffant, sans parler d'un noir et blanc qui ne ressemble pas à une coquetterie, Audiard étonne et adapte son style aux élans contrariés et contradictoires de ses 3 héros. On voit d'ici les critiques affluer quant à son choix d'avoir confié les rôles principaux à des membres de communautés différentes. Laissons dire et apprécions la qualité d'interprétation de Noémie Merlant, bien partie pour devenir indispensable au cinéma français, et de Makita Samba et Lucie Zhang, épatants de naturel et de talent. Avec Les Olympiades et son (ses) dénouement(s) optimiste(s), Audiard montre non seulement qu'il croit dans la lucidité d'une jeunesse même soumise au chaos de l'époque mais surtout dans l'être humain en général. Les éternels cyniques pourront bien ricaner, il y a quelque chose de touchant dans cette conviction profonde illustrée au bout d'une centaine de minutes empreintes de panache, d'humour, de détermination et de (bonne) musique.