Porté par l’aérienne bande-son de Rone et une magnifique photographie noir et blanc, Les Olympiades explore de manière charnelle et sincère les relations modernes. Audiard esthétise le 13eme arrondissement de Paris avec des couleurs fortement contrastées, des plans très graphiques sur les barres d’immeubles, et des personnages mis en valeur par un éclairage sensuel, chaleureux et travaillé. Les Olympiades est un très beau film, de ce genre qui m’émerveille visuellement, rien qu’avec ce générique de début qui joue avec les quatre coins de l’écran et se dévoile lettres à lettres. C’est aussi des cadrages qui font la part belle à l’espace de la ville sans jamais le rendre oppressant. Ça faisait longtemps que je n’avais pas vu Paris comme ça, sublimée mais pas clichée, poétique loin des images de cartes postales.
Mais il n’est pas qu’un film esthétique et sait toucher grâce à la grande justesse de ses personnages. Audiard se rapproche de Klapisch pour notre plus grand plaisir, avec des personnages naturels. Loin de la pruderie actuelle, ils ont des désirs, des corps, des émotions, et le réalisateur ne nous positionne ni en juge ni en voyeur (enfin juste un peu). Il décrit et observe la quête d’émancipation tortueuse de son trio dans un monde en plein mouvement.
En creux le film évoque les désillusions de l’âge adulte, la précarisation du travail et des amours, le harcèlement et la déconsidération. Cette toile de fond donne un solide appui à ses personnages qui vont peu à peu révéler leur fragilité et s’ouvrir enfin aux autres et à eux-mêmes. Le lyrisme n’est jamais loin, et le film contient de nombreux instants de poésie touchante, comme les larmes de Camille vendant le fauteuil de sa mère. Mais on peut à l’inverse reprocher au réalisateur des scènes de sexe un peu faciles et de trajectoires de personnages un peu clichées, l’évocation de nombreux thèmes de fond qui ne sont jamais développés…
Si le film est réussi, c’est également grâce au jeu des acteurs. Noémie Merlant nous ensorcèle encore par sa grâce faussement naïve, Makita Samba et Lucie Zhang ne sont pas en reste, avec un jeu d’une franchise touchante, leur caractère et phrasé différent se mélangeant finement.
Je ne nie pas cependant que le film n’est pas le plus original d’Audiard. Ce dernier emprunte beaucoup à la nouvelle vague ou aux péripéties amoureuses d’Allen, Baumbach ou tant d’autres. Je lis ailleurs que Julie en douze chapitres est plus fort, je m’empresse d’aller le voir. Souvent le cinéma à l’est de la France se révèle puissant dans sa mise en scène du quotidien et de l’authentique. Même la musique de Rone, si elle nous transporte, n’est pas sans rappeler nombre d’autres compositeurs, avec des accents de Beirut, du J’ai perdu mon corps de Dan Levy, ou de la French touch.
Les Olympiades m’a transporté au visionnage et je suis sortie de la salle avec le sourire et l’optimisme ; résistera-t-il au temps ?