Bernanos disait que l'Eglise n'avait pas besoin de réformateurs mais de saints, et tous ces cinéastes non-croyants de Pasolini à Dumont ne semblent pas le contredire. J'ai cru lire que Rossellini appartenait aussi à la paroisse de l'athéisme, ce qui me fait penser que décidément ces gens sont doués pour saisir la grâce.
On a tendance à penser que le christianisme est croulant, vieux, assis sur un gros fauteuil en attendant de mourir entre les colonnes de marbre de Saint-Pierre de Rome en oubliant trop que cette religion est celle de l'incarnation. François d'Assise, ce riche qui a tout donné aux pauvres incarne le christianisme, par sa jeunesse, sa force, ses traits, sa joie. Rossellini filme le saint et ses disciples joyeux, ils rigolent, construisent, prêchent. Pas de faste ni de baroque dans leur église toute simple, où quelques clochettes données par des habitant sont l'objet d'une joie pure, enfantine. Oui, ils se comportent parfois comme des enfants, ils sautillent, heureux de leur première bâtisse comme nous étions heureux de construire notre première cabane dans les bois.
Un peu comme Pasolini dans l'évangile selon Saint Mathieu (j'espère ne pas abuser de ma cuistrerie en me mouillant), Rossellini filme avant tout les regards, les sourires, les traits qui changent, et comme dans cette scène entre le disciple et le tyran il n'y même pas besoin de dialogue, on comprend tout.