Si certains poufferont devant cette démarche du « tout chanté » pendant 88 minutes avec ce que cela a de déstabilisant au départ, il faut toutefois reconnaître que cela a de l'élégance et du charme, surtout lorsque c'est Jacques Demy qui est derrière la caméra. Couleurs magnifiques, splendide exploitation des décors, casting (surtout féminin) irrésistible, à l'image de Catherine Deneuve et Anne Vernon... Tout y est.
Pourtant, si j'ai regardé cela avec plaisir et parfois émotion, les différents rebondissements étant souvent bien menés, justes, le tout saupoudré de mélancolie avec beaucoup de sensibilité, je n'ai pas retrouvé l'euphorie irrésistible qui caractérisaient « Les Demoiselles de Rochefort », réalisé trois ans plus tard. Vous me direz que les deux récits n'ont rien à voir, et vous n'aurez pas tort. Reste que si le second impressionnait par sa passion et ses moments inoubliables, c'est moins le cas ici, aucune scène (hormis peut-être la dernière) ne s'avérant véritablement marquante... Cela n'en reste pas moins une tentative extrêmement audacieuse et loin d'être aussi ridicule qu'elle n'aurait pu l'être, le tout réalisé avec beaucoup de talent : touchant et surprenant.