Avant de devenir dans les décennies suivantes le pape de la comédie grand public, Jean-Marie Poiré effectue ses débuts de réalisateur dans un registre très différent.
En effet, "Les petits câlins" est une comédie de mœurs douce-amère à la tonalité intimiste voire mélancolique, et au rythme plutôt lent (à l'opposé de la frénésie qui deviendra bientôt sa marque de fabrique).
Le film illustre l'émancipation féminine et la libération sexuelle qui ont connu un sacré coup d'accélérateur après mai 68, Poiré osant inverser complétement les archétypes traditionnels en matière de séduction et de comportements amoureux.
Ainsi, l'héroïne des "Petits câlins" est une jeune maman divorcée et indépendante, une amazone à moto qui prend les initiatives en matière de drague, tandis que son homologue masculin apparaît timoré et sentimental, limite impuissant. Un schéma conjugal audacieux et franchement inhabituel sur les écrans français en cette année 1978.
Poiré et ses producteurs (d'un côté, la Gaumont de son père Alain, de l'autre La Guéville d'Yves Robert) n'hésitent pas à confier son premier rôle principal à la comédienne Dominique Laffin, qui irradie de son charme androgyne, parfaite incarnation de cette héroïne atypique.
Cette étoile filante du cinéma français (et maman de Clémentine Autain, pour l'anecdote) tourne à cette occasion la seule comédie de sa brève carrière.
La distribution des "Petits câlins" comprend également Josiane Balasko - avant sa chirurgie plastique - et Caroline Cartier (les colocataires de l'héroïne), Roger Mirmont et Jacques Frantz (ses amants), ainsi que Jean Bouise et Claire Maurier (ses parents).
Le film bénéficie par ailleurs de décors froids et modernes qui ne manquent pas de ciné-génie, Poiré filmant de grands espaces vides et déshumanisés, aussi bien dans la cité HLM des filles que dans le lotissement des parents en banlieue, ou sur les voies du périphérique parisien récemment inauguré.
Autre caractéristique des "Petits câlins", sa bande originale uniquement constituée de morceaux signés Bryan Ferry / Roxy Music
Reflet fidèle de son époque, cette chronique sentimentale manque un peu de punch pour convaincre tout à fait, à la fois en terme de rythme et en terme d'humour (les gags restent rares, même si la plupart fonctionnent bien), mais prouve que Jean-Marie Poiré était capable d'une vraie justesse, qu'on ne retrouvera hélas que trop peu dans sa filmo à venir.