Pour être très honnête, j'ai vu « Les Plages d'Agnès » en plusieurs fois, du coup je ne sais pas si mon ressenti serait le même si je l'avais regardé d'un bloc. Toujours est-il que sous ce « format », ba c'est plutôt pas mal. Éminemment personnel et très loin des biopics traditionnels, la réalisatrice creuse son sillon en inventant « l'autobiopic » : sur elle, par elle. C'est parfois drôle, mélancolique, reflet éloquent et profondément sincère d'une femme se livrant comme jamais, livrant des confidences forts intimes parfois étonnantes
(notamment sur la perte de sa virginité : oui, oui, vous avez bien lu),
faisant preuve d'une absence de nostalgie totale sur l'époque de son enfance au point d'en devenir presque troublante. Elle dit ce qu'elle pense, avec douceur et une réelle sensibilité, sans pour autant être consensuel ou langue de bois. Beaucoup d'idées, d'images, de rencontres, toujours avec naturel, où Varda aime parler d'elle mais aussi des autres, avec humilité, respect.
Maintenant, 110 minutes, c'est un peu long, et je pense sincèrement que si j'avais vu le documentaire en une seule fois, j'aurais à plusieurs reprises décroché. Ça reste assez lent, pas vraiment répétitif mais un peu quand même : on a compris où elle voulait en venir et bien qu'elle propose jusqu'à la fin des éléments nouveaux, difficile d'échapper à une légère impression de « radotage » (même si le mot est sévère). Au final, j'ai conscience d'avoir vu un documentaire de qualité, fait par une personne intelligente, talentueuse et pleine d'allant, tout en trouvant cette durée excessive, et ce alors que, paradoxalement, je ne saurais vous dire ce qu'il aurait fallu enlever. Et si une série de cinq ou six épisodes avait été plus adaptée ?