Je tiens Un homme et une femme comme un chef d'oeuvre, une très belle histoire d'amour portée par la spontanéité du jeu d'Anouk Aimée, qui n'a jamais aussi bien porté son nom, et Jean-Louis Trintignant.
53 ans plus tard, Claude Lelouch vient porter un point final à ce grand film, en excluant 20 ans déjà, qui sonne comme des retrouvailles entre deux êtres qui se sont ratés, mais dont la collision a produit quelque chose de beau.
Anouk Aimée retrouve Jean-Louis Trintignant, résidant désormais dans une maison de retraite, pour évoquer leurs souvenirs en commun, et qui sait, s'échapper en 2CV.
Honnêtement, je craignais de voir ce film, mais Lelouch a su se débarrasser de ses apparats, et a crée une histoire toute simple, emplie de nostalgie, mais dont je ne pensais pas en être très ému à plusieurs reprises. Ce sont les retrouvailles de deux personnages qu'on a aimés, mais aussi deux acteurs bouleversants ; Anouk Aimée, toujours aussi belle, et le corps amoindri de Jean-Louis Trintignant, qui luttait alors contre la maladie durant le tournage, et dont la disparition pouvait arriver du jour au lendemain. Dieu merci, il a su mener l'entreprise à bien, même si ça n'a duré que dix jours, à travers une équipe réduite, et un tournage majoritairement à l'Iphone, mais il livre quelque chose d'émouvant, à travers ses silences, ce regard perçant, cette malice aussi (il veut sans arrêt coucher avec la directrice de la maison de retraite), mais dont la flamme se ravive en la présence d'Anouk Aimée, dont la première scène commune est magnifique. Pas de musique, du simple champ-contrechamp, des petits détails comme Anouk Aimé qui se recoiffe, Lelouch n'est jamais aussi bon que quand il reste pur.
Outre ces deux monstres sacrés, on retrouve Antoine SIre et Souad Amidou, qui jouaient déjà en 1966 les enfants de Trintignant et Aimée, et la courte présence de Monica Bellucci, qui sonne un peu comme un rajout qui n'avait pas forcément lieu d'être.
Mais Lelouch ne peut pas s'empêcher de mettre ses fameuses maximes, dont La mort est l'impôt de la vie, mais aussi beaucoup de chansons, écrites par Francis Lai (décédé depuis) et chantées par Calogero qui vrillent un peu les oreilles à beugler Les plus belles années d'une vie. Mais on a toujours, et heureusement, le Chabadabada de Nicole Croisille, comme un vague parfum.
Sous ce titre, qui est une citation de Victor Hugo, on peut y voir comme un cadeau fait aux spectateurs d'Un homme et une femme, et il faut dire qu'ils seront gâtés, avec l'inclusion de nombreux extraits du film, et je trouve de fort belle manière. Et, comme dans Le chat et la souris, il inclut encore une fois son fameux court-métrage C'était un rendez-vous. Ce qui fait qu'en fin de compte, bien que Les plus belles années d'une vie fasse seulement 90 minutes, il y a beaucoup de moins de scènes réellement filmées de nos jour, car les extraits sont nombreux. Mais je ne me lasse pas de cette fin extraordinaire sur le quai d'une gare...
Il faut voir Les plus belles années d'une vie comme un post-scriptum, qui pourrait sonner comme une fin de carrière des acteurs et de Lelouch. Mais quelle belle conclusion.