Prévu à l'origine pour être tourné avec Jean Gabin et Marlène Dietrich, Les portiers de la nuit est un film qui porte les stigmates de son époque. Le tournage se fit au lendemain de la guerre, et relate la rencontre entre un jeune résistant et une femme, mariée à un collaborateur, le tout administré par le destin, qui prend forme d'un clochard !
J'avais lu et entendu des échos négatifs sur cette dernière collaboration Carné/Prévert, et au final, ça reste mieux que prévu, ne serait-ce que par la technique, avec les superbes décors d'Alexandre Trauner, la musique de Joseph Kosma, et les dialogues de Prévert qui font toujours mouche, même si ça reste moins percutant que Les enfants du paradis.
Cette histoire d'amour impossible est jouée par une interprétation assez inégale ; si Serge Reggiani, Pierre Brasseur et Jean Vilar sont très bons, il n'en va pas de même pour Yves Montand, qui joue terriblement faux, ainsi que Nathalie Nattier. Manque de pot, ce sont les deux rôles principaux ! Je trouve l'idée d'avoir des personnages plus jeunes que prévu (Jean Gabin et Marlène Dietrich) nuit un peu au propos du film, on ne sent pas qu'ils aient une expérience concrète.
Mais ça se laisse suivre avec grand plaisir, et le plan final est superbe, lourd de sens sur ce passage dans le métro ; est-ce le passage vers le Styx ? Vers une nouvelle vie ?