"Les rivières pourpres" reste encore à ce jour la seule adaptation réussie de l'œuvre de Jean-Christophe Grangé, après les échecs du "Concile de pierre", de "L'empire des loups", et à un degré moindre de "La marque des anges" (ne parlons même pas du désastreux "Vol des cigognes", massacré par Jan Kounen en mini-série sur Canal ...)
Le film de Mathieu Kassovitz rend justice aux qualités stylistiques du roman, à son scénario retors et à ses héros borderline (en l'occurrence Jean Reno en vieux flic usé, et Vincent Cassel en jeune inspecteur fumeur de joints), antagonistes au départ mais finalement complémentaires (procédé éculé mais efficace une fois encore).
La mise en scène de Kassovitz s'avère fluide et inspirée, émaillée de superbes vues aériennes de la région savoyarde et de plans inquiétants de l'université au cœur de la vallée, conférant aux "Rivières pourpres" une aura particulière - et des faux-airs de "Seven" à la française.
Hélas, l'excellente impression générale est salement ternie par le dénouement choisi par le réalisateur, aussi abrupt et fumeux qu'irrespectueux du roman de Grangé...
Quel dommage de ne pas s'en être tenu aux choix de l'auteur, on tenait alors la référence du polar français contemporain.