Quand la relation de l'homme avec l'argent est traitée à la perfection par M.Kurosawa
Aujourd'hui, on retrouve beaucoup de réalisateurs qui tentent de dresser un portrait de la relation de l'homme avec l'argent ou la politique. Mais, ils n'ont pas tous le talent de M.Kurosawa qui avait parfaitement analysé cette relation il y a maintenant plus de 50 ans.
Dès le début du film il nous présente une scène de mariage où l'on ressent une atmosphère assez malsaine. En effet, le mariage est censé être un moment de partage et de bonheur. Et c'est tout l'inverse qui se produit avec une tension permanente pendant la cérémonie notamment de part la présence des journalistes ou du manque de confiance du chef d'entreprise (aussi le père de la mariée) et de son conseiller lorsqu'ils doivent prononcer leurs discours.
On découvre ainsi par exemple, dans le discours de l'assistant du chef d'entreprise, un homme métamorphosé par les enjeux économiques et qui en oublierait presque les paroles censées et humaines que l'on doit dire normalement au cours d'un mariage.
Le second discours est celui du frère de la marié, que l'on peut considérer comme étant l'être humain. Certes, certaines paroles sont peut être déplacées mais on ressent dans celles-ci des sentiments réels et une forme de sincérité dans son discours.
Ainsi, dès le début de cette oeuvre on peut discerner un homme simple, et un autre homme qui s'est parfaitement acclimaté à la mentalité du profit à tout prix ( présenter d'ailleurs comme une forme de régression pendant le film).
Ensuite, on apprend au fur et à mesure du film qu'un homme (dont je ne donnerai pas de détails pour ceux qui n'ont pas vu ce chef d'oeuvre) est parvenu à s'adapter à l'état d’esprit des chefs d'entreprises mais, lui a réussi à garder sa part d'humanité ( notamment du fait qu'il soit animé par un sentiment de vengeance). C'est celui-ci que l'on se sentira le plus proche tout au long du film, puisque il veut combattre les dérivées de cette mentalité.
J'aimerais détailler plusieurs scènes de ce personnage mais ma critique se transformerait plus en un long parchemin pénible à lire.
Je vais ainsi passer directement à la scène la plus marquante du reste de cette oeuvre, en l’occurrence la scène finale (2 dernières minutes).
Le père de la mariée est parvenu à atteindre son objectif en tuant son gendre en manipulant notamment l'ensemble de sa famille (fille et fils = que l'on peut considérer comme de vrais humains avec des sentiments sincères).
Ces derniers viennent ainsi annoncer à leur père qu'ils ne veulent plus jamais le revoir car ils les a manipulé pour tuer son gendre.
Celui-ci fait alors mine d'être attristé comme il le fait très bien devant les journalistes pour annoncer les nombreux suicides au sein de son entreprise.
Cependant, une fois ses enfants partis le père (chef d'entreprise) reçoit un appel d'un de ses clients qui demandent comment ses affaires de suicide se sont réglées. Il évoque ainsi le fait que tout s'est bien arrangé, d'une façon très calme, voire glaciale pour le spectateur.
Son client lui propose alors au vue de l'ampleur que risque de prendre ses nombreux suicides de partir de son pays pour s'établir dans un autre où il pourra recommencer une nouvelle vie tout en exerçant une profession avec un salaire important.
Celui-ci répond ainsi par l'affirmative à cette question sans réfléchir outre mesure.
C'est ainsi que l'on perçoit la totale déshumanisation de l'homme qui a une mentalité encrée dans le système économique actuelle. Le plus important étant sa situation personnel oubliant totalement l'entourage affectif avec qui il a vécu pendant toute sa vie.
Monsieur Kurosawa dresse ainsi un tableau assez pessimiste concernant l'évolution de la relation de l'homme avec l'argent. Ce qui s'est avéré être une bonne analyse puisque aujourd'hui par exemple, on constate une multiplication de plus en plus importante des fraudes financières. Mais pour ceux qui ont vu le film comme le gendre toute le monde sait mais il est trop tard pour changer les règles.
A l'image du meilleur ami du gendre nous devons vivre avec cette société et l'accepter, nous sommes impuissants face à ce processus qui est enclenché depuis trop longtemps ...