Quand la justice n'est que parodie, quand les accusés ne sont que des exemples dissuasifs que l’État veut donner, quand la liberté d'expression (le fondement même d'une démocratie) est bafouée : voici Les Sept de Chicago. Ce film sous forme de procès qui a pour héros les sept "chefs" des associations de refus d'engagement dans la guerre du Vietnam (les étudiants, les yippies...) nous met vite dans sa poche : casting alléchant (Mark Rylance, Eddie Redmayne, Sacha Baron Cohen, Joseph Gordon-Levitt...) mêlé à un procès totalement inégalitaire, truqué et fondamentalement injuste. Si le film a du mal à démarrer, il faut attendre la dernière demi-heure où les tricheries du Juge sont odieuses et nous donnent des envies de fracasser son marteau ailleurs que sur son bureau... Et le film appuie singulièrement sur l'acharnement écœurant du FBI à condamner ces pacifistes, afin que les jeunes continuent de s'engager (tirés au hasard comme des lots à gagner) dans une guerre ignoble. On voit clairement que le film est fait pour plaire, quitte à donner dans le bon sentiment (le discours final, les épilogues) ou quelques entorses à la réalité, mais cela ne gêne pas vraiment le visionnage, on aurait même préféré qu'il aille plus loin dans le drama, car c'est parfois trop propre (le démarrage laborieux et le personnage Black Panther dont on ne fait rien), car les acteurs sont bons sans pouvoir tirer leur épingle du jeu (peut-être Sacha Baron Cohen, qui s'amuse bien dans son rôle, étant le plus intéressant des sept accusés), et l'on se questionne carrément sur le titre "film à Oscars" que l'on voit fleurir un peu partout. Malgré la bonne mouture et le grand plaisir éprouvé à découvrir ce fait important (méconnu en France), on ne voit pas bien en quelle catégorie ce film pourrait concourir : tout est absolument académique, aucune prise de risque quelle qu'elle soit. Ceci étant dit, parvenir à faire un nouveau film américain sur la guerre du Vietnam qui ne soit pas du multi-déjà-vu, c'est un exploit en soi. Un beau casting (Cohen en grande forme), une intrigue plaisante à découvrir, et un Juge qu'on adore détester.