Et puis soudain le miracle !
Ce western du réalisateur John Sturges, sorti sur les écrans au moment où le genre décline irrémédiablement (1961), a totalement bouleversé le rapport du spectateur à l'objet filmique projeté sur un écran blanc ou diffusé dans le petit périmètre de nos ancestraux téléviseurs de salon. Ce film-là c'est un concentré de haute magie, une émulsion stupéfiante qui nous a laissé pantois, haletants, incrédules, définitivement mordus, à haute dose, par le virus du Cinéma, ce doux poison qui depuis n'a jamais cessé de se diffuser dans notre organisme. Ainsi naissent les cinéphilies, les rencontres amoureuses entre spectatrices et spectateurs transis et ces bobines de films qui touchent à la fois le coeur, le corps et l'esprit .
Western classique, "old fashioned", dans sa manière pourtant singulière de nous présenter des personnages dont nous tombons sous le charme dès que nous les voyons apparaître à l'écran (le beau Steve McQueen, quintessence du cool absolu ; le séduisant Yul Brynner tout de noir vêtu, incarnant avec classe la dignité humaine et la posture morale inentamée ; le viril James Coburn, le touchant Robert Vaughn... et puis surtout Charles Bronson, le plus attachant de la bande, qui tient là un des deux ou trois rôles de sa vie), The Magnificent Seven, relecture de l'admirable Sept Samouraïs de Kurosawa, porte haut les couleurs Technicolor et Scope de l'usine à rêves alors à un tournant de son histoire...
Quand regarder un beau film de cinéma n'était pas encore l'exercice vain qu'il est devenu aujourd'hui.