Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas revu ce film de l'âge d'or hollywoodien. Alors revoir les beaux visages de Deborah Kerr, de Burt Lancaster, de Monty Clift et de Frank Sinatra fut à nouveau un choc émotionnel, intense, particulier, définitif ! Je devais être tout petit la première fois que j'ai regardé "From Here To Eternity" sur le téléviseur familial noir & blanc ; cependant les images étaient restées gravées à jamais dans ma mémoire (Burt et Deborah enlacés sur le rivage, enveloppés par le ressac des vagues de la baie à la nuit tombante, Monty flirtant avec Donna Reed dans le club de jazz, Sinatra s'empoignant avec le sergent "Fatso" incarné avec maestria par Ernest Borgnine).
Le noir & blanc somptueux des images, l'élégance de la mise en scène de Fred Zinnemann, la classe de l'interprétation, ce sentiment diffus que quelque chose d'irrémédiable va arriver d'un moment à l'autre (les chasseurs zéros japonais qui fondent sur la baie le dimanche au petit jour), tout cela fait de ce film intemporel le classique qu'il ne cesse d'être. Il reste l'incarnation de la représentation d'une tragédie américaine, en images éblouissantes. Un film à chérir, un film de chevet, un film d'amour fou finalement, se terminant en majesté sur les visages joliment éclairés de Deborah et de Donna, côte à côte, quittant définitivement la terre sacrificielle de leurs illusions évanouies dans le vent de l'Histoire, qui n'épargne personne.
Chaudement recommandé avant la venue de l'automne !