Cette fois-ci sortons les camisoles de satin : il est bien question des catins de Satan.
De manière très littérale, d'ailleurs, ce n'est pas juste une phrase facile.


1971 est une étrange année pour la Hammer. Perte progressive des succès des fifties et le spectre toujours plus lointain d'un renouveau inassouvi font de la petite start-up anglaise une structure en danger perchée sur les retours diminutifs de franchises fanées. Entre une tentative désespérée d'adapter Dracula pour l'esprit des swinging sixties six ans trop tard et diverses refontes de Frankenstein sans lendemain le studio autrefois distribué par Universal vit dans un univers qui l'est soudain bien plus. Solution ? L'érotisme. Les gens n'ont plus peur de nos manoirs en carton pâte ? Ils seront émoustillés par les poitrines dénudées de nos jeunes actrices incapables de jouer. Au pire quelques poils pubiens vus à travers une étoffe de taffetas diaphane feront l'affaire pense-t-on en haut lieu. Sans rentrer dans les spoilers... ils avaient tort. Huit ans plus tard la compagnie sombre dans le domaine interlope de la télévision sans même en tirer le succès nécessaire à survivre. Peu après il sera trop tard. Le marteau du maître priseur était tombé sur les trésors de la Hammer. C'est sous cette forme que vous la connaissez.


En l'état la compagnie vit ses dernières années alitée. Une série de délires érotico-pouet-pouet peinent à masquer la perte d'un Christopher Lee toujours plus réticent à se fourvoyer dans la structure responsable de ses premiers succès. Peter Cushing, lui, n'a pas le luxe du choix. C'est ainsi qu'il fut chargé de porter sur ses frêles épaules de bagnard du cinéma certains projets ingrats. Il incarne dans Les Sévices de Dracula – film, comme vous l'avez compris, dont deux des mots indiqués au titre ne s'appliquent pas – l'un de ces fameux puritains presque inquisiteurs dont il a le secret. Rôle qu'il visitera à de nombreuses reprises durant sa carrière sans cependant en tirer le type de respect public qu'il engendra dans la peau du Baron Frankenstein. Ainsi soit-il. Chargé d'héberger deux orphelines poitrinaires jumelles de bien des manières mais surtout sélectionnées par la Hammer dans les pages de magazines érotiques pour quatre raisons particulières Cushing se voit obliger de faire régner une discipline de fer sur les demoiselles afin d'éviter qu'elles tombent dans les affres d'un scénario similaire à celui du style local.


Tentons de résumer. Dans un univers agricole qui pourrait bien prétendre représenter le XVIIIème siècle un certain Comte Karnstein tente de découvrir les secrets du satanisme par le biais de vignettes censément émoustillantes le menant à être vampirisé par un esprit frappeur doté des traits de son épouse disparue. Ou bien était-ce vraiment sa femme ramenée à la vie ? Dur à dire. Elle semble disparaître aussitôt son rôle rempli. L'accroche publicitaire principale du film se trouve dans une sorte de rituel où une jeune dame dénudée aux charmes évidents est filmée dans un angle permettant de deviner à travers un voile l'existence de ses poils plus biens. Peut-être de la mousseline. Je ne connais pas mes textiles. Si c'est ça qu'il vous : faudra s'adresser à Zola. Tel était le niveau auquel la prestigieuse compagnie était tombée pour tenter de vendre ses films. Faut dire que dans n'importe quel encyclopédie du cinéma le Comte Karnstein, ou son équivalent d'autrefois le Baron Meinster, n'ont pas noirci bien des pages de leurs faits d'armes mystiques ayant enflammé l'imagination des scribes du septième art. L'acteur choisi pour représenter votre sadique noceur Byronien ressemble d'ailleurs plus à un furet anthropomorphisé qu'à l'archétype du dandy sexy que toute spectatrice pourrait s'attendre à trouver dans pareille tentative. Pas de chance. Elles avaient beaucoup contribué au succès de Dracula.


Sans surprise l'une des fameuses jumelles se trouve être gentille – on va l'appeler Gentille – tandis que l'autre est bien plus tentées par les tétons de titane de Satan. Je vous propose de deviner un bref instant comme nous allons nommer celle qui se trouve être méchante. Exactement. Elle s'appellera... Glenda. Gentille et Glenda ne s'entendent pas. Pire, la plus pure des deux couvre les exactions de son double maléfique afin que celle-ci puisse partir convoler la nuit dans le lit du Comte Karnstein. Portrait de passions respectives les deux orphelines se lancent dans les bras d'hommes diamétralement opposés. Gentille, elle, préfère tomber d'un amour tendre, pur, et pas creepy du tout situé à proximité de son instituteur. Embrouillaminis s'ensuivent où Glenda tente d'arracher celui-ci aux pure mains virginales de sa sœurette. Cushing, pas content, suspecte cet homme de bien qui n'est pas creepy du tout de convoiter sa, euh, nièce ? J'imagine ?! Vers la fin rasséréné par tant de bonté l'auguste vieillard va décapiter Glenda et quitte à y être règle aussi le compte... du Comte.


Passé le spectacle étrange de deux jumelles autrefois entrevues dans Playboy discutant tétons pointant de leurs corsages de dentelle les points les plus fins de l'éthique personnelle en étant incapables de livrer une seule ligne de dialogue d'un air convaincant... que reste-t-il du film ? Un thème principal envoûtant dont le motif semble davantage dire Justice League que Twins of Evil. Cherchez le sur YouTube et dites-m'en des nouvelles. Une personne n'a pas chômé sur ce long-métrage. Devinez laquelle.

MaSQuEdePuSTA
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le 10 sept. 2020

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