On pourrait reprocher à ce film de flirter avec le mélodrame sans rendre compte de la dimension politique du mouvement des suffragettes et en accordant peu de présence à leur leader, Emmeline Pankhurst. On pourrait, oui, mais peu importe. Car ce film réalise la prouesse de ne pas tomber dans l'extrémisme et de ne jamais grossir le trait des hommes qui sont plutôt les victimes d'une époque, de siècles et de siècles d'éducation où on leur a fait croire qu'ils détenaient le pouvoir.
Absence de parti-pris tout à l'honneur de la réalisatrice.
Brève apparition de Méryl Streep? Oui, mais ce n'est pas d'elle que le film parle. Il nous raconte l'histoire d'une simple ouvrière, dressée pour subir, et dont la conscience s'éveille lentement : ce qu'elle "pourrait" être, ce qu'elle "pourrait" devenir, si on lui en laissait la liberté et ainsi gagner la place qui lui est due, simplement, comme tout être humain. Et elle supportera sa mise hors la loi par son conjoint, la séparation cruelle d'avec son fils, l'incarcération, les coups, la perte d'emploi. Alors oui, hommage soit rendu à ces femmes, ces suffragettes, souvent moquées, souvent caricaturées , mais qui ont ouvert la voie. Carey Mulligan est juste splendide, elle "est" cette blanchisseuse qui dévoile devant une assemblée masculine les conditions (atroces) de son travail. Simplement, sans pathos, et c'est d'autant plus poignant.
Et pis, voilà, j'ai "un pt'it coeur tout mou", et j'avoue sans honte avoir eu les yeux pleins de larmes lors du vibrant discours de Meryl Streep alias Emmeline Pankhurst.