Portrait polyphonique d'une société malade, les Terrasses décrit Alger et une société qui vit l'effondrement de ses repères, gangrénées par la violence, la pègre, et l'islamisme rampant.
Composé de plusieurs situations juxtaposées et emblématiques de la société algérienne au rythme des cinq prières de la journée, situations qui parfois, s'imbriquent et s'entrechoquent, Allouache situe son film sur plusieurs terrasses des quartiers d'Alger qui lui donne l'occasion de décrire différentes composantes et problèmes de la société algéroise. La vieille femme avec sa nièce psychotique et son fils drogué, les pseudo religieux, les escrocs et voyous, les jeunes qui essaient de faire de la musique ou du cinéma, mais qui sont bridés dans leur élan par la violence de la société algérienne. Ces scènes sur les terrasses permettent à Allouache, avec un vrai savoir-faire de mise en scène, d'avoir en toile de fond la beauté de la ville et les traces de son histoire, qu'il fait contraster avec cette situation d'effondrement et de désespoir.
Les acteurs sont formidables, et le réalisateur use d'un humour ironique et corrosif qui en dit bien plus long que nombres d'exposés et de dissertations sur une situation et un état d'esprit des algériens et des algérois en particulier. C'est au final un très bon film abrasif et sans complaisance d'un cinéaste inquiet voire désespéré par son propre pays.