« Les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît. »

Pourquoi aimé-je autant ce film ? Je l’ignore. Pourquoi cette parodie de film noir au scénario convenu parvient, malgré les innombrables rediffusions, encore à me faire rire ? Je citerai, pêle-mêle, le rythme soutenu, les gueules cassées ou le verbe haut. Écoutez :


Raoul Volfoni : Faut r'connaître... c'est du brutal !
Paul Volfoni : (les larmes aux yeux) Vous avez raison, il est curieux, hein ?
Monsieur Fernand : J'ai connu une Polonaise qu'en prenait au p'tit déjeuner. Faut quand même admettre : c'est plutôt une boisson d'homme... (il tousse)
Raoul Volfoni : Tu sais pas ce qu'il me rappelle ? C't'espèce de drôlerie qu'on buvait dans une petite taule de Biên Hòa, pas tellement loin de Saïgon. "Les volets rouges"... et la taulière, une blonde comac... Comment qu'elle s'appelait, nom de Dieu ?
Monsieur Fernand : Lulu la Nantaise.
Raoul Volfoni : T'as connu ?
(Monsieur Fernand lève les yeux au ciel)
Paul Volfoni : J'lui trouve un goût de pomme.
Maître Folace : Y'en a.


Michel Audiard est un génie. Lui seul a su associer une langue soutenue, un argot réinventé, un humour alcoolisé, une fine connaissance du contexte historique et une tension dramatique. J’ai longtemps estimé que cette passion serait universelle et intemporelle, mais mes propres enfants ne m’ont pas suivi. Les Tontons ont perdu de leur prestige. Leur esprit est daté. La Seconde guerre mondiale, le pastis frelaté, les bordels et les mères maquerelles n’évoquent plus rien en eux. Fussent-ils colorisés, Lino Ventura, Bernard Blier, Jean Lefebvre, Francis Blanche ou Claude Rich ne participent plus à leur imaginaire. De Funès et Bourvil sont les seuls acteurs de cette génération à conserver une aura. Les grimaces et les borborygmes vieillissent mieux que les coups de poing et les haussements de sourcils.


Pourtant, jamais plus je ne tremperai les lèvres dans une eau de vie sans y chercher des traces de prunes ou de betteraves et, plus insidieux, la juste réplique chez mes interlocuteurs.


Paul Volfoni : Vous avez beau dire, y a pas seulement que d'la pomme... y'a autre chose... ça serait pas des fois de la betterave ? Hein ?
Monsieur Fernand : Si, y en a aussi !


Je rêvais d’un autre monde, un univers où les tueurs à gage philosopheraient : « À l'affût sous les arbres, ils auraient eu leur chance, seulement de nos jours il y a de moins en moins de techniciens pour le combat à pied, l'esprit fantassin n'existe plus ; c'est un tort. » Ce monde n’est plus. Où, plus exactement, il n’a jamais existé... Si ce n’est une fois, une seule fois, lors d’un unique tournage, un moment de grâce créé par Lautner et Audiard. Merci les amis.


P.S . Une dernière, pour la route...
https://www.dailymotion.com/video/x2zn41c

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le 29 août 2019

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Step de Boisse

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