Max, Vivian et Tom ont treize ans et sont des amis inséparables dans une petite ville des Ardennes sinistrée.
Ils attendent l'été dans l'espoir de partir ensemble en colo sauf que Max et Vivian n'ont pas les moyens de s'offrir ces vacances, contrairement à Tom dont la famille est plus aisée. Pour tenter de réunir la somme nécessaire (700 €uros), ils vendent des brownies, mais la méthode est laborieuse et les gains insuffisants. Lorsque le frère de Max sort de prison, Max se réjouit de retrouver ce grand frère faussement flamboyant. Lorsque ce dernier, limité dans ses déplacements par un bracelet électronique, demande à Max de retrouver un précieux sac (butin sans doute responsable de ce qui la conduit en prison), Max s'exécute puis prend une décision inattendue qui va l'entraîner ainsi que ses amis dans une spirale dangereuse et de plus en plus incontrôlable.
Pour son premier film, très réussi, Michaël Dichter revisite le thème du teen movie d'apprentissage et évoque ce qui avait fait le charme et l'inquiétude provoqués par la référence en la matière, Stand by me de Rob Reiner (1987). Ces adolescents attachants sont (presque) insouciants malgré l'environnement dans lequel ils évoluent. Le contexte social est irrespirable, les employés de la seule usine du coin menacée de fermeture sont en grève, Max est livré à lui-même, sa mère dépressive passe ses journées au lit s'abrutissant devant son écran d'ordinateur, ne sort plus de la maison et Tom est victime de harcèlement scolaire. Le retour du grand frère, affectueux mais toxique et imprévisible bien qu'il assure pouvoir régler tous les problèmes de la famille lui promettant une vie meilleure, va faire basculer le fragile équilibre.
Autour du trio de jeunes garçons absolument impeccables (mention spéciale et petit coup de coeur pour Jean Devie interprète du fragile et délicat Tom) et dont la complicité explose, gravitent en rôles secondaires les irréprochables Emmanuelle Bercot, convaincante en mère démissionnaire plus lucide qu'il n'y paraît et qu'un seul évènement va faire bouger et Raphaël Quenard qui maîtrise merveilleusement la nonchalance, le je-m'en-foutisme, la violence et l'émotion.
La dernière scène est puissante. Elle clôt non seulement le film mais aussi met fin brutalement à toute une époque, un pan de vie, une étape dans l'existence. J'ai lu ceci à propos du film qui le résume plutôt bien : "Les Trois fantastiques tourne autour de la question de l’abandon : un père absent qui a abandonné ses enfants, une mère qui abandonne son rôle de mère, un grand frère qui abandonne son petit frère, un ami qui abandonne ses amis, etc. Le tout dans une ville où les habitants ont abandonné la lutte et où l’usine qui les fait vivre abandonne le territoire".
J'ai vu le film avec un jeune homme de 10 ans qui ne s'attendait pas à ça, l'a trouvé surprenant, plein de surprises, de rebondissements et de drame. Et les trois fantastiques sont bel et bien les trois (petits) interprètes principaux absolument étonnants.