Voilà une adaptation du roman de Dumas que j'aurai certainement adoré dans ma prime enfance. De l'action, de grands éclats de rires et tapes dans le dos, des épées s'entrechoquant, un D'Artagnan bondissant comme un cabri incarné par un Gene Kelly au mieux de sa forme, un Richelieu inquiétant au possible (Vincent Price !), une histoire au triple galop...
Problème, le film ne dure que deux heures, et pourtant il a l'ambition de couvrir l'intégralité du roman. Résultat des courses, la chevauchée scénaristique est épuisante. En deux répliques sont expédiées trois chapitres, les sentiments naissants sont déjà de taille adulte (D'Artagnan et Constance...), tous les raccourcis possibles sont pris pour arriver à destination... Comprenez bien que je ne critique pas l'adaptation en tant que telle, mais bien le résultat obtenu. A condenser à ce point l'histoire, elle manque de corps, de liant et surtout de gravité.
Avec deux heures de pellicule seulement, nécessairement, il faut sacrifier des personnages dans la joyeuse bande des mousquetaires. Portos et Aramis font donc office de figurants, à Athos et D'Artagnan les premiers rôles. A ce titre, Van Heflin est époustouflant en Athos, que ce soit dans sa tirade avinée sur les femmes ou sa confrontation finale avec Milady qui file des frissons.
Les Trois Mousquetaires illustre à lui seul l'impossibilité de porter un roman fleuve à l'écran avec brio. Mis en scène comme un pièce de théâtre, des costumes flambants neufs aux chorégraphies et scènes d'action survoltées, ce film amuse, distrait, mais ne parvient que rarement à te saisir les tripes comme l'ouvrage de Dumas sait le faire.