Il est des films qui échappent à l’analyse, des œuvres qui vivent en dehors de notre zone de compréhension. Tant son contexte et les thématiques semble loin de mes connaissances, Leto de Kirill Serebrennikov appartient à cette constellation.
Situé dans le Leningrad des années 1980, le film explore l'émergence de la scène rock underground sous le régime soviétique, à travers la vie d'un musicien.
Le film interroge les limites de la création dans un système autoritaire, peut-on chanter sur l'amour et la liberté dans un contexte de censure? Comment l'individualité survit-elle dans un collectif bridé ? À travers les trajectoires de ses personnages, Leto illustre à la fois l'insouciance et la mélancolie de la jeunesse, entre aspiration à un ailleurs meilleur et confrontation à la réalité.
Le rock, où qu'il soit, mais surtout ici, est un geste de libération : la possibilité donnée à une jeunesse bouillonnante de danser, bouger au rythme de son âge, et de trouver un porte-parole à ses émotions.
Le noir et blanc domine l’écran, austère et brut, une toile qui enferme cette époque dans son cadre rigide. Mais des éclats de couleur surgissent, lors des séquences musicales où le réel cède à l’imaginaire. Ces moments de pur fantasme explosent avec esthétisme, brisant la quatrième mur, intégrant des anachronismes savoureux.