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Le film réussit à renouveler ses personnages et son récit, en évitant de nous montrer une bête descente aux enfers (où tout serait assez prévisible). Malheureusement, je pense que cela joue en partie contre lui, car il ne semble ne jamais y avoir de conséquence à quoi que ce soit, et le film n'augmente jamais vraiment en intensité, il y a des pics ici et là, mais qui font prout assez rapidement. Peut-être que le format cinéma ne fonctionne pas vraiment aussi, où les scènes semblent parfois se téléporter d'une situation à l'autre sans explication, avec des ellipses bien trop obscures, pour comprendre les évolutions des personnages, comprendre ce qu'ils ont enduré. Parce que, très clairement, je trouve certaines scènes absurdes dans leur continuité, comme si les personnages avaient effacé le passé. Mais c'est peut-être justement cela qui est beau, ce droit au pardon et à la repentance.

Sur le casting, j'avoue ne pas être particulièrement ébloui, notamment par Paul Kircher. Il y a bien Gilles Lellouche qui me plait légèrement, avec son chagrin et ses petits yeux, on dirait presque Obélix (on devrait lui donner le rôle non ?). C'est d'ailleurs assez cocasse, car c'est Gilles Lellouche qui devait réaliser l'adaptation à l'origine, mais il a plutôt voulu faire "L'Amour ouf", qui est finalement très similaire. On pourra aussi apercevoir Louis Memmi, qui s'est surtout distingué dans "Borgo". Ou même Raphaël Quenard, même si son apparition dans le film est très furtive, voire gratuite. Il était d'ailleurs dans "Les Trois Fantastiques", l'un des meilleurs films de l'année, qui me semblait pas mal ressemblant à "Leurs Enfants après eux", mais pas vraiment au final, étant donné que c'est un authentique film de descente aux enfers.

La scène où Queunard apparait m'a justement paru un peu étrange, avec cette violence subite, qui apparaitra ponctuellement dans le film, avec notamment une sombre histoire de manche dans la bouche. Et je trouve que ces scènes se diluent mal au reste. Après, je trouve que c'est un film qui reste assez imprévisible, on ne sait jamais où tout cela mène, on a parfois des scènes d'une rare violence, mais elles n'ont jamais vraiment de conséquences, à part peut-être des traumas induits.

J'ai bien aimé la manière dont les décors évoluent au fil des années, même si j'en ai pu faire qu'une analyse de surface, notamment les plaques d'immatriculations noires qui laissent place aux couleurs blanche et jaune après 1992. On y verra aussi nombre de consoles de jeux vidéo, comme la Megadrive et la Super Nintendo, on y verra aussi des jaquettes de jeux Master System. On voit aussi Resident Evil sur Playstation, mais ce jeu n'était pas sorti en France au moment de la scène (c'est-à-dire le 14 juillet 1996), il est cependant possible que ce soit de l'import, étant donné qu'il était déjà sorti en Amérique du Nord et au Japon, donc cette apparition reste vraisemblable.

Beaucoup de musiques sous licences, souvent mal intégrés, je trouve ça généralement un peu gratuit, et ici ça semble l'être. Mais on a quelques originalités, comme "la musique de Fight Club", ou de "I Will Survive", reprises au piano par Amaury Chabauty, compositeur attitré du duo de réalisateurs.

Je suis les frères Boukherma depuis Willy 1er, et j'aimais bien leur humour et leur univers. Alors certes, il y a quelques ratés à mon goût dans leur filmographie, mais ils essayaient toujours quelque chose. Ici, je trouve qu'on s'éloigne un peu beaucoup de ce qui faisait leur charme, et c'est un peu dommage. Après, je ne me permettrai pas de les empêcher de changer un peu d'air, c'est bien aussi de varier.

Bref, je suis presque déçu globalement, j'ai même du mal à comprendre la popularité de l'oeuvre de base, mais je trouve tout cela correct tout au plus. Le fait que le film soit imprévisible et sans conséquences est à double tranchant, on s'attend à tout, mais on ne s'attend surtout à rien. Paradoxalement, c'est aussi sa qualité, ce côté non linéaire permet de garder une certaine curiosité sur la suite des événements, d'éviter des situations conflictuelles faciles, et d'avoir des personnages plus profonds qu'ils en ont l'air.

(Vu le 21 décembre 2024 au cinéma)

Tiflorg
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le 8 janv. 2025

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