Trois ans après "la vengeance du serpent à plumes" Oury récidive avec un sous-Rabbi Jacob.
L'idée de base était pourtant très bonne : deux frères juifs, l'un, Moïse Levy, ultra traditionaliste habitant Anvers, féru d'études bibliques et l'autre, Albert Levy, patron d'un bistrot à Paris, non casher et de plus marié à une femme goy, ne se parlent plus depuis des années. Moïse, soudainement plongé dans une merde noire, fait appel à son frère qui n'écoutant que son cœur accourt pour l'aider.
Il y avait moyen de développer quelque chose suivant plusieurs axes sans tomber dans la caricature. Par exemple, l'anti-sémitisme "ordinaire" de la belle-famille d'Albert qui est à peine effleuré ou encore le rapprochement qui aurait pu avoir plein de sens entre Moïse et Malika, jeune musulmane, fille de harki.
Au lieu de ça, le scénario se lance dans une très improbable affaire de drogue suite à une confusion entre de la poudre de diamant (destinée à l'entreprise Renault) et de la cocaïne.
Même le contraste que tente Oury entre un Anvers (la Jérusalem du Nord) travailleur et modeste et un Paris résumé à Pigalle by night rempli de boites "Gay" est trop poussé : l'humour est trop au premier degré là où il aurait fallu mettre de la subtilité.
Le scénario a trop axé l'humour sur la gaudriole, les images salaces des boites de nuit, les filles (forcément) déshabillées de sorte à choquer le pauvre Moïse, qui est, lui, régulièrement en contact avec l'Eternel.
Côté casting, pourtant, il y avait du potentiel. Moîse Levy est interprété par un Richard Anconina convaincant en juif orthodoxe obligé de s'allier à son frère Albert interprété par l'exubérant Boujenah.
Le personnage de Malika est interprété par Souad Amidou. Alors que le scénario sous-entend qu'elle a un certain niveau de culture, tout se passe comme si finalement la seule chose qui importe c'est la différence de conception de la sexualité entre elle et Moïse.
Un autre point positif du scénario, malheureusement trop outré et pas assez approfondi, c'est Jean-Claude Brialy méconnaissable dans un rôle de policier, travesti infiltré dans les bas-fonds.
Pour corser le tout, le chef des dealers, qui ne se déplace que dans une rutilante traction 15, s'appelle Goliath. On voit tout de suite venir le gros clin d'oeil. Et sans surprise, l'avenir de Goliath est déjà écrit...
En conclusion, pour synthétiser mon avis, le film est poussif et l'humour épais. Même la chute finale avec un Robert Hossein, surgi d'on ne sait où, tombe comme un cheveu sur une soupe bien indigeste. J'en ressors navré pour Gérard Oury.