Ce n'est pas le film le plus connu de Bolognini, mais il mérite vraiment d'être (re)découvert.
On a une chronique d'une dizaine d'années (de 1936 à la Libération) de l'Italie sous le régime fasciste, avec des transitions très habiles d'un épisode à l'autre.
Claudia Cardinale, magnifique à tous points de vue, incarne une jeune femme (la Libera du titre original, "Libera amore mio étant une phrase régulièrement prononcée par son mari), fille d'un anarchiste dont elle partage les opinions. Elle n'a pas peur d'affirmer ses opinions.
Le film montre bien le système de répression des opposants, avec les condamnations à l'exil (comme on le verra dans le Christ s'est arrêté à Eboli).
Il démarre comme une comédie teintée d'un peu de drame (mais pas trop) avant de prendre un ton nettement tragique à partir du moment où Mussolini est chassé du pouvoir et où les Allemands reprennent la main, les Alliés (du fascisme) devenant de fait des occupants. Jusqu'à une fin tragique.
Cette dernière partie permet d'ailleurs à Bolognini de délivrer en sous-texte (outre la description de cette période trouble de la Libération et de l'épuration -comme en France, même si c'est de façon différente) un critique de l'Italie de l'époque de la production (1975) , où les fascistes (dans un sens plus large) sont toujours là, et menaçants (je trouve même dans certaines phrases une allusion au faait qu'ils pourraient être responsables d'attentats).Libera y devient le symbole d'une Italie toujours menacée par le fascisme , et où ce sont les civils qui paient le prix fort.
Très belle interprétation.
NB Le titre français n'est pas mauvais, mais est une erreur de traduction. Ca aurait dû être Libera mon amour. De toute façon, liberté se dit libertà en italien. Heureusement, ça colle assez bien au thème du film, mais on y perd un autre thème, à côté du fond historique : l'histoire d'amour, au fil des ans, entre Libera et son mari.