Pendant la guerre, Bolognini accédait à l'âge adulte. Liberté, mon amour est une rétrospective plusieurs fois symbolique vers cette époque qui l'a forgé et qu'il a forgée.
Le symbole que constitue Claudia Cardinale devient antinéoréaliste par surréalisme : elle s'appelle Libera Amore Anarchia et elle est l'incarnation et la perpétuation des idées de son père, ainsi que la représentante de l'anarchisme originel et oublié qui préservait l'idée de liberté à l'état d'utopie à l'époque mussolinienne.
Ce souvenir de la justice sociale, optimiste car aveugle au futur, constitue l'avant-plan de plusieurs tableaux. Questionnant souvent le rapport de la conscience politique à l'insouciance morale qui permet quant à elle de tirer parti au mieux de chaque rude jour qui passe, Bolognini crée une œuvre qui n'est souvent pas d'accord avec elle-même, où les idées et les sentiments ne sont jamais miscibles et luttent pour être le vrai sujet.
Ne s'attardant pas sur la guerre, c'est un film presque dénué d'échelle, véritable pépite du cinéma géopolitique, où les personnages peuvent aussi bien être la source d'émotions que de changements, même s'ils se les refusent à eux-mêmes. Ce « Modène, ville ouverte » est le meilleur moyen de traverser la Seconde Guerre mondiale au septième art.
(Je m'excuse de la relative unilatéralité de cette critique qui est dûe à la trahison d'une batterie de tablette m'ayant fait perdre mon brouillon.)
→ Quantième Art