Je n'en attendais rien, et j'ai bien aimé : comme quoi, les miracles arrivent ! Non pas que ce soit une leçon de mise en scène, loin de là, mais prendre le parti pris d'un héros oisif assumant totalement de ne pas vouloir travailler et surtout de le rendre vraiment attachant, déjà, je trouvais ça plutôt sympa. Mais en plus, Benjamin Guedj prend grand soin de l'écriture, résolument comique sans pour autant se détacher d'une certaine mélancolie, que l'on ressent notamment à travers la relation entre Baptiste Lecaplain et Charlotte Le Bon, celle-ci s'avérant particulièrement touchante. Guedj, sous ses airs décontractés, a un vrai regard sur le monde d'aujourd'hui, la jeunesse, l'amour, l'amitié, la difficulté de communiquer parfois...
Il aborde ses sujets peut-être modestement, mais non sans tact et délicatesse. J'en viendrais presque à regretter que ce dernier soit resté si humble, si modeste, ce qui ne l'empêche pas de temps à autre d'avoir quelques jolies idées de plans ou de mise en scène. Après, certains trouveront sans doute cela très « bobo parisien », avec une nouvelle génération irresponsable se moquant de tout : je peux le comprendre. Reste qu'à défaut d'un digne successeur au grand « À nous la liberté » de René Clair, « Libre et assoupi » n'en est pas moins une comédie drôle, touchante et foncièrement sympathique : il serait dommage de s'en priver.