Tiens, Paul Thomas Anderson : je ne pensais presque plus à lui ! J'avais pourtant aimé son « Phantom Thread », dernier film en date, et le voir s'essayer quasiment à la comédie nostalgique ne pouvait que susciter la curiosité. Et c'est vrai que sans être son meilleur film, ni susciter l'enthousiasme complet, il y a de quoi être séduit par cette plongée dans les 70's, à grands coups de vêtements, de musique, de couleurs, de photographie vintage et surtout de personnages étonnants, à la fois très contemporains dans leurs aspirations et très ancrés dans leur époque.
Il y a bien quelques longueurs, notamment au début, mais nous sommes rapidement séduits par le charme qui se dégage de cette chronique ressemblant presque à une fresque, retraçant certains grands événements de l'époque et ce qui en était emblématique (le cinéma et les excès de ses stars, la corruption politique, l'auto-entreprenariat, la soif de liberté), sans que le réalisateur ne perde de vue son point de départ initial : les turpitudes amoureuses entre un jeune homme et une femme (légèrement) plus âgée, tous deux écrits avec nuance et intelligence, sans idéalisation, interprétés avec ferveur par Cooper Hoffman (pas encore au niveau de son père mais plutôt prometteur) et surtout l'étrangement séduisante Alana Haim, élégante au possible et que je ne connais pas en tant que chanteuse, mais excellente actrice, au charme intense.
Avec au passage quelques grands noms apparaissant quelques minutes (Sean Penn, Bradley Cooper, Tom Waits), illustrant avec ferveur (et pas mal d'outrances) ces années 70 hautement cinégéniques portées avec la maîtrise, voire la virtuosité d'un des grands réalisateurs actuels, aussi inégal puisse t-il être : pas la grande œuvre espérée en rentrant dans la salle, ne séduisant pas autant que nous aurions pu l'espérer, mais certainement l'un des titres qui reviendra le plus souvent lors des classements de fin d'année : quoiqu'il en soit, ce « Licorice Pizza » est à voir.