Le changement, c'est avant.
Voilà un film bien étrange ; à la fin, j'étais parti pour ne pas l'aimer, fatigué de toutes ces joutes qui me semblaient abscons en diable, mais plus j'y repense, plus je me dis que j'en garde les bons côtés.
Bien entendu, comment ne pas parler de Daniel Day-Lewis, tout simplement fantastique dans le rôle-titre. Mais ce qui frise le génie, c'est la manière dont Spielberg le filme ; souvent dans la pénombre ou en contre-plongée, comme pour signifier qu'il fut déjà une légende avant sa mort, une certaine idée de grandeur qui émanait de lui.
Je retiens surtout une scène magnifique ; celle de sa discussion avec Ulysses Grant, où Lincoln apparait clairement comme usé physiquement, ce que Grant ne manque pas de lui dire. Et Lincoln d'évoquer une fin prochaine (Celle de la bataille pour le 13eme amendement ? La sienne ?), le vague à l'âme. La scène est éclairée de jour, avec les ombres des cavaliers en arrière-plan, c'est une composition sublime qui montre que Spielberg est toujours un très grand réalisateur.
Les autres acteurs ne sont pas en reste, Sally Field et Tommy Lee Jones en particulier, mais tout le film tourne autour de cette bataille pour l'abolition de l'esclavage, enclavé lui-même dans la Guerre de Sécession.
Je dois avouer que les joutes politiques, mêmes si elles sont filmées comme des duels, me passaient par la tête, faute de connaissances sur le sujet.
Car il faut prévenir que Lincoln est proche de ce qu'on appelle un film de chambre, où les scènes d'extérieurs sont assez rares. Pas étonnant, quand on sait que Tony Kutscher, le scénariste, est un dramaturge.
Je regrette juste que Spielberg ait tant voulu accoler Lincoln à notre présent, surtout dans la scène finale où son discours est quasiment parallèle à l'intromission de Barack Obama en tant que président en 2009.
Et puis, 2h30, c'est pas un peu trop ? Quand on sait que le film ne reprend qu'un moment de la vie de Lincoln, aussi fort soit-il, il aurait gagné à être plus concis. Enfin, je regrette que la musique ne soit pas plus mise en avant.
Mais ça reste de la belle ouvrage, sur un sujet fort, assez "Spielbergien" dans le sujet , mais avec un acteur vraiment fantastique.