Les trois derniers mois de la vie de Abraham Lincoln, desquels il tira la fin de l'esclavage et de la guerre de sécession...
Lincoln, par Steven Spielberg, est un vrai personnage de cinéma. Dire que le cinéaste ne fait pas de lui une sorte de saint, ce serait dire vrai mais quand même un peu mentir. Car devant la caméra de Spielberg et sous les traits d'un Daniel Day-Lewis absolument formidable de naturel et de présence pendant 2h20, Lincoln a tout du chic type, du copain qu'on aimerait avoir. Il est calme, déterminé, blagueur, aimant, attentif, bref c'est un homme vraiment bon.
Le cinéaste aurait pu faire de son film un éloge à Abraham. Mais au final, c'est quand même bien plus que ça. Aidé d'une reconstitution historique tout bonnement bluffante, les tirades du bonhomme en interactivité avec son entourage sont orchestrées d'une main de maître. Parfois, tout cela est très désarçonnant, tant le film est bavard. Mais c'est aussi une part entière de Abe Lincoln, dont la prestation de DDL rend hypnotique et expulse l'ennui de la conversation. Quand il n'est pas à l'écran, certains coups de mou se font sentir. Mais l'excellence du casting fait passer la pilule avec brio, de Tommy Lee Jones à Jared Harris en passant par Joseph Gordon-Levitt. Aussi, quand Spielberg filme les débats du congrès, c'est du 100% Steven, avec un faux suspense bien mené. Quand il filme le rêve de Lincoln ou met le président dans une bougie, c'est un travail d'esthète qui se rapproche de celui effectué par Quentin Tarantino quand il filme l'esclavage dans "Django Unchained". La photographie du film fait de "Lincoln" le film le plus esthétiquement sombre de Steven Spielberg mais à l'arrivée l'un des plus optimistes messages du cinéaste.
A la fin, la sensation d'avoir assisté à une sorte de film complet et abouti sur l'une des grandes figures américaines est d'autant plus grande. Un peu trop long, un peu trop parlant, certes. Mais sacrément éloquent. On aimerait tous avoir un Abraham Lincoln comme ami.