Locataires (2004) - 빈집 (maison vide) / 90 minutes
Réalisateur : Kim Ki-Duk - 김기덕
Acteurs principaux : Jae Hee - 재희; Lee Seung-Yeon - 이승연
Mots-clefs : Corée - Drame - Arte
Le pitch :
Tae-Suk (Jae-Hee) arpente les rues à moto toute la journée. Il pénètre et occupe des maisons délaissées par leurs propriétaires, sans jamais rien y voler. Un jour, il s'installe en silence dans une maison aisée où loge Sun-Houa (Lee Seung-Yeon), une femme maltraitée par son mari. C'est alors que débute une histoire d'amour surréaliste...
Premières impressions :
Kim Ki-Duk est un des réalisateurs coréens les plus connus dans nos contrées et je n'avais jamais eu l'occasion jusque là de voir un de ses films (Printemps, été, automne, hiver... et printemps - 2004 ; Arirang - 2011; Pieta - 2013). C'est chose faite avec "Locataires", Lion d'Argent en 2004 et plutôt bien accueilli par ce que j'appelle la presse cannoise. Il faut dire que Kim Ki-Duk est typiquement le genre de réalisateur que l'on aime dans les milieux culturels français mais qui n'est qu'assez peu reconnu dans son propre pays. Un peu artiste, un peu poète, un peu vagabond, Kim Ki-Duk tourne environ un film par an, toujours avec un petit budget, souvent en mettant en scène des personnages de condition modeste.
Aux premiers abords, je dois avouer que le film m'a un peu décontenancé. Le titre français comme l'affiche laissait présager une sorte de triangle amoureux, quelque chose d'assez érotique. Cependant, Locataire tient bien plus du film artistique muet (ou presque) que de la comédie romantique. Une fois le choc passé, j'ai apprécié la poésie et le rythme lent du film. Cela m'a laissé le temps de me poser des questions sur qui était cet homme que l'on suivait, quel était son but initial. On sent qu'il ne visite pas les maisons seulement pour "survivre". Et puis je me suis laissé emporter par le romantisme de la relation entre les deux protagonistes.
Malgré un rythme de film contemplatif, Locataires propose un vrai scénario. Chaque maison visitée nous renseigne sur ses habitants et, en miroir, fait évoluer la relation entre Tae-Suk et Sun-Houa. Le film comprend son lot d'humour, d'amour, de difficultés et de retournements de situation. Je ne me suis jamais ennuyé. La poésie est un outil, un pinceau, dont se sert divinement Kim Ki-Duk pour peindre nos émotions.
Côté acteurs, je ne saurais trop quoi dire si ce n'est que ceux-ci ne sont pas vraiment connus. Ils n'ont à leurs actifs que quelques dramas et peut-être deux trois films confidentiels. De toute façon il serait très compliqué de juger de la justesse du jeu tant la narration et l'action sont hors du temps et de notre approche habituelle de la comédie. La réalisation est également très intrigante, par son rythme, ses angles de caméras, ses scènes. C'est le film qui nous permet de comprendre ce que font les personnages et non l'inverse.
Pour résumer, Locataires est un film emprunt de rêverie qui vous permettra de ressortir de votre séance apaisé. S'il m'a un peu surpris, je me suis rapidement laissé emporter par sa poésie. Clairement un film de cinéphile, il est à voir avec une bonne tasse de thé et un chat sur les genoux.