Fan inconditionnelle de Vinterberg, dont de nombreuses œuvres marquantes m'ont bouleversée (Festen, La Chasse, Submarino en tête), j'attendais évidemment beaucoup de son dernier film, même si le choix du sujet a pu me laisser dubitative.
Je ne voyais pas trop en effet ce que venait faire le subversif danois dans les terres romantiques de Thomas Hardy.
Je garde un souvenir ému de mes lectures adolescentes sises dans l'Angleterre victorienne, j'étais donc curieuse de voir ce que pouvait donner l'adaptation d'un roman de 1874 en 2015.
L'ensemble n'est pas déplaisant mais la facture assez classique et sans prise de risque m'a paru véritablement décevante - voilà la raison de la note si basse que je lui inflige.
Far from the Madding crowd n'est toutefois pas dénué d'intérêt : jolie photo, temporalité lente, étirée, plans contemplatifs, sentiments tacites, pudeur générale en font un objet bien dans son XIXème. Mais justement, c'est là où le spectateur de 2015 est un peu perdu : nous n'avons plus l'habitude de ce délicat phrasé, de ces émotions qui ne s'expriment que dans les regards, de ces questionnements à n'en plus finir sur le mariage, le cœur ou la raison etc. Je crois que tout cela nous dépasse un peu aujourd'hui, ne correspondant plus à aucune réalité proche, on finit par trouver cela ennuyeux.
Autre détail qui m'a embêtée : le personnage de Miss Everdene est assez pénible, trop orgueilleux et versatile (et finalement, pas très malin, selon moi) pour qu'on réussisse à s'y attacher vraiment, à ressentir de l'empathie pour elle. Le jeu d'acteurs est toutefois assez crédible et intéressant : en tant que nana, j'ai évidemment bavé devant Matthias Schoenaerts qui décidément, peut tout jouer, et endosse avec un sex-appeal très certain le costume de berger. Ne boudons pas notre plaisir !
Bref, globalement une déception, même si tout n'est pas mauvais loin de là : pas vraiment indispensable et définitivement oubliable.